Le président du Sénat, Gérard Larcher, lors d’une séance de questions au gouvernement, le 6 novembre 2024.

Déclarations « aventureuses », « attentisme », « inaction », « double discours », « calculs à courte vue », « irresponsabilité », « déni collectif », « inconscience » Le rapport rendu mardi 19 novembre par les sénateurs de la commission des finances sur la dégradation des comptes publics depuis octobre 2023 ne fait pas dans l’euphémisme.

Chargée d’analyser le dérapage constaté ces derniers mois, la mission pilotée par les deux dirigeants de la commission, Claude Raynal (Parti socialiste, Haute-Garonne) et Jean-François Husson (Les Républicains, Meurthe-et-Moselle), aboutit à une conclusion en forme de verdict. Au-delà d’erreurs manifestes de prévision, la crise actuelle tient en grande partie, selon les sénateurs, à une série de décisions politiques fautives prises par les dirigeants macronistes. Piqués au vif, ceux-ci ont décidé de réagir immédiatement. Une conférence de presse commune de Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Elisabeth Borne et Thomas Cazenave est annoncée pour mardi après-midi.

Au cœur des interrogations, un dérapage inédit. En 2023, le déficit public s’était déjà révélé plus massif que prévu, à 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) au lieu des 4,4 % visés. « Une erreur pareille ne peut pas se reproduire deux fois », avait promis Bruno Le Maire, alors ministre de l’économie. Raté. En 2024, le déficit qui devait revenir à 4,4 % du PIB risque en réalité d’atteindre au moins 6,1 %. Un nouveau décalage d’environ 50 milliards d’euros.

« Une forme d’inconscience budgétaire »

Lors de leurs auditions, Bruno Le Maire et son ministre du budget, Thomas Cazenave, se sont défendus de façon voisine, de même que les premiers ministres successifs, Elisabeth Borne et Gabriel Attal. Selon eux, l’« ouragan » budgétaire est lié à 75 % ou 80 % à une évaluation erronée des recettes par les services de Bercy, évaluation sur laquelle ils affirment n’avoir pas eu leur mot à dire. Dès que l’ampleur du problème est apparue, tous affirment avoir réagi avec rapidité et détermination.

Lire aussi | Dérapage des finances publiques : Gabriel Attal estime devant le Sénat avoir pris des « décisions fortes »

Une version contredite par le Sénat. Comme dans Le Crime de l’Orient-Express, d’Agatha Christie, tous les suspects ont leur part de responsabilité, selon le rapport. Les techniciens de Bercy ? Bien sûr, ils ont mal anticipé la façon dont les recettes fiscales allaient évoluer en fonction de la croissance. Après deux exercices 2021 et 2022 où l’argent est rentré mieux que prévu dans les caisses, « une forme d’inconscience budgétaire » les a sans doute amenés à surévaluer les recettes suivantes. Au total, celles de 2024 devraient être inférieures de 41,5 milliards d’euros aux prévisions initiales, ce qui explique effectivement environ 80 % du déficit inattendu.

Il vous reste 52.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version