La croissance de la zone euro est la plus faible de tous les grands ensembles économiques mondiaux depuis vingt ans. La croissance annuelle mondiale s’est établie à un peu plus de 3,3 % sur la période 2006-2025 et devrait se maintenir autour de 3 % sur les dix prochaines années, hors cataclysme. Aux Etats-Unis, elle a été un peu inférieure à 1,9 % annuel depuis 2006 et devrait légèrement dépasser 2 % au cours de la prochaine décennie. En Chine, elle devrait croître entre 3 % et 4 % par an et être autour de 6 % annuels en Inde jusqu’en 2035. Dans la zone euro, elle a été de 1 % par an depuis 2006 et pourrait se maintenir à ce niveau jusqu’en 2035, sauf nouvelle crise.

La croissance annuelle anticipée à moyen terme est donc, par rapport à la zone euro, deux fois plus forte aux Etats-Unis, au moins trois fois plus importante en Chine et six fois plus rapide en Inde. Depuis trente ans, comme l’a montré le rapport Draghi, l’Union européenne (UE) voit son poids économique, scientifique et technologique se marginaliser dans le monde.

L’Union se retrouve passagère d’un véhicule politique et militaire occidental au volant duquel le conducteur américain multiplie les embardées, selon son humeur. La construction européenne est donc un semi-échec, politique, économique et stratégique. Telle est la réalité taboue que toutes les institutions communautaires nient pour aveugler l’opinion européenne.

Principe de concurrence

Je suis un pro-européen qui ne se satisfait ni de cette situation ni de l’affaiblissement de la France dans une Europe stagnante. Quel est donc le nœud du problème ?

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En 1957, le traité de Rome, qui fonde la Communauté économique européenne, est négocié pour éradiquer tout risque de nouvelle guerre en Europe. S’opposant à toute notion de puissance, il institue le principe de concurrence comme colonne vertébrale de la construction européenne. Les Etats ne peuvent subventionner leurs entreprises (car cela fausse le fonctionnement des marchés), et l’application du droit de la concurrence est confiée à la Commission européenne, qui s’est servie de cet instrument de puissance pour asseoir son ascendant sur les Etats membres. Puis les traités de Maastricht (1992) et de Lisbonne (2007) « constitutionnalisent » le seul objectif de l’UE : faire de l’Union une « économie de marché ouverte où la concurrence est libre ».

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