Un géant aux cent yeux répartis sur le corps. Peut-être est-ce comme cela que les phages voient les bactéries, immenses organismes micrométriques qui sont dix à cent fois plus gros qu’eux. Comme Hermès devant déjouer la vigilance du géant Panoptès, les phages, ces virus infectant les bactéries, doivent contourner une panoplie de défenses.
La lutte qui oppose phages et bactéries peut prendre une dimension mythologique quand on sait qu’elle a commencé il y a quelques milliards d’années, dès l’apparition des premières cellules. Une véritable course aux armements. Une équipe américaine a découvert un nouvel exemple de ces adaptations successives, qu’elle a baptisé « Panoptes ». Publiée le 1er octobre dans Nature, leur étude révèle chez Vibrio navarrensis le rôle de deux protéines formant une remarquable défense antiphages grâce à des leurres. La bactérie meurt dans l’opération, mais ce suicide altruiste permet de sauver les bactéries voisines en stoppant l’infection par le phage.
Des centaines, voire des milliers de systèmes de défense antiphages ont été retrouvés chez les bactéries, dressant un tableau complexe de ce qu’on appelle « immunité bactérienne ». Parmi ces stratégies de défense, CBASS ou Thoeris sont des voies de signalisation immunitaires reposant sur des protéines capables de sentir une infection virale et de produire des seconds messagers, molécules déclenchant la réponse immunitaire. Celles-ci sont des cibles de choix pour les phages qui, pour échapper à cette immunité bactérienne, produisent notamment des protéines éponges, qui capturent les seconds messagers et les empêchent ainsi d’activer la réponse antiphages.
Il vous reste 39.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.




