C’est un revers pour Decathlon. Alors que l’enseigne de magasins d’articles de sport était encore portée par l’effervescence des Jeux olympiques de Paris 2024, dont elle avait conçu l’uniforme des 45 000 volontaires, la voilà à nouveau sur le devant de la scène pour une raison bien moins positive : une enquête en trois volets du média d’investigation Disclose, dont un réalisé avec le magazine « Cash Investigation » diffusé jeudi 6 février sur France 2, qui révèlent l’envers du décor de sa chaîne d’approvisionnement.

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Fleuron économique de la galaxie d’entreprises de la famille Mulliez, la société Decathlon est parvenue en quelques années à rivaliser avec les plus grands équipementiers dans les championnats sportifs grâce à une maîtrise extrêmement fine de ses coûts de production et d’importants volumes de fabrication au Bangladesh, au Vietnam, ou en Chine. Mais aussi avec des sous-traitants qui ne seraient pas toujours vertueux. Comme en Chine où certains d’entre eux sont soupçonnés d’être impliqués dans le travail forcé des populations ouïgoures, une ethnie turcophone musulmane majoritaire au Xinjiang.

Les journalistes se sont infiltrés, en camera cachée, dans deux usines appartenant à Qingdao Jifa, le deuxième plus gros fournisseur textile de Decathlon en Chine. Elles produisent ses polos, marinières, shorts, dont certains au logo de la NBA – la ligue américaine de basket – et revendiquent les couleurs de l’enseigne française sur leurs murs. Dans l’une de ces usines, d’où trente-six millions de vêtements Décathlon sont sortis en 2022 selon « Cash Investigation », une enfant de 12 ans boutonne à la chaîne des polos. Elle affirme aider sa mère, aussi une ouvrière dans l’usine, quand elle n’est pas à l’école, alors que le travail des moins de 16 ans est interdit en Chine.

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Dans la seconde, située à trente kilomètres, des piles de tissus utilisés pour des produits Décathlon sont rangées sur des étagères, dont le coton « peut venir du Xinjiang », soutient une cadre de l’entreprise dont le visage est masqué. Dans cette région de l’ouest de la Chine, Pékin est soupçonné d’organiser le travail forcé de centaines de milliers de Ouïgours pour récolter manuellement le coton. Recontactée ultérieurement par les journalistes, cette cadre assure que Decathlon « est entièrement responsable du choix de ses cotons (…) nous ne sommes qu’une usine de production, nous assemblons les produits ».

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