Le djihadisme est une idéologie puissante qui peut provoquer des radicalisations express, suivies de départs vers la Syrie et l’Irak sur un coup de tête. On le sait depuis le milieu des années 2010 et l’extraordinaire engouement qu’a provoqué la proclamation du pseudo-califat de l’organisation Etat islamique (EI), en juin 2014, avec plus de 1 500 départs de la France en deux ou trois ans. Mais c’est aussi une drogue dure, dont les effets se renforcent avec le temps. C’est le cas d’une petite « aristocratie » du djihadisme français, qui s’est convertie dès le début des années 2000.

Venue témoigner, jeudi 18 septembre, comme experte au procès de trois femmes de l’EI – Christine Allain et ses deux belles-filles, Jennyfer Clain et Mayalen Duhart –, l’analyste Anne-Clémentine Larroque, historienne des islamismes de formation, a pu donner un aperçu approfondi des différentes étapes qui ont mené ces trois femmes de la France vers le djihad en Syrie, dont elles ont été rapatriées en 2019 avec neuf enfants. Un parcours jalonné d’étapes qui ont toutes contribué à approfondir leurs convictions et leur engagement.

Jennyfer Clain, 34 ans, aujourd’hui jugée pour association de malfaiteurs terroriste et abandon de mineurs, n’avait que 9 ans au moment de l’entrée de sa mère, Anne-Diana, et de ses frères, Fabien et Jean-Michel, dans un islam d’emblée radical. C’est donc une héritière qui n’a pas connu autre chose.

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Désireuse de vivre sa religion dans un environnement plus favorable que la petite ville d’Alençon, où on la regarde de travers, la famille Clain part s’établir à Toulouse, plus précisément dans le quartier du Mirail, où elle trouve un réseau et des fréquentations. C’est une première hijra.

Comme l’explique Anne-Clémentine Laroque, la hijra est un exil, un déplacement destiné à s’installer sur une terre pour y vivre son islam en paix et en communauté, à l’instar du prophète Mahomet, qui quitta La Mecque pour Médine avec ses partisans en 622 − l’an 1 du calendrier musulman. Cependant, dans l’idéologie djihadiste, la hijra est devenue une « forme d’obligation de fuite du monde impie ».

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