
Au Met Gala, le grand raout de la mode new-yorkaise, l’excentricité est la norme. Aussi quand Miles Chamley Watson, champion du monde 2013 de fleuret, s’y est présenté épée à la main, en queue-de-pie et pattes d’eph orange, nul ne s’est offusqué. Le 6 mai, à son demi-million d’abonnés sur Instagram, l’Américain, a révélé sa source d’inspiration : « J’ai décidé d’honorer Chevalier. » Comprendre le Chevalier de Saint-George. Né à la Guadeloupe en 1739 ou en 1745, mort à Paris en 1799, il excella simultanément en tant qu’escrimeur, musicien et militaire.
L’an dernier, ce sont ces aptitudes, dans toute leur multitude, que célébrait le spectacle Saint-George en mouvement(s) : Chevalier virtuose, au Carreau du Temple, à Paris. Il y avait foule dans les gradins – mille spectateurs au bas mot. Et sur scène, où ont conflué escrimeurs, danseurs et musiciens. « Saint-George incarne avec panache nos valeurs : le respect, le courage, le dépassement de soi », résume le maître d’armes Olivier Bonin, qui a participé, avec ses élèves, au spectacle. Pour en composer la chorégraphie, Johana Malédon a tourné autour de quelques idées-forces. « La tension entre le groupe et l’individu, le duel, l’idée d’un homme sur ses gardes, prêt à bondir », énumère celle qui suivit des cours d’escrime dans sa jeunesse, en Guyane. Du Chevalier, elle admire « la volonté d’exister dans un espace, la noblesse du XVIIIe siècle, qui ne l’accueillait pas à bras ouverts ».
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