Deux Donald, qu’on croirait sortis du même moule, jouent désormais des coudes dans la mythologie américaine. Le premier, nommé Duck, est né en 1934 sous le crayon de Dick Lundy, employé de la firme Disney. Bec orange, élocution nasale approximative, tempérament fanfaron et colérique, il est affilié à un nabab (l’oncle Picsou), s’évertue à jouer au golf (Donald joue au golf, 1938), s’élève dans le bâtiment (Donald le riveur, 1940), convoite l’or au point de se transformer lui-même en lingot (La Mine d’or de Donald, 1942). Le second, né en 1946, partage ces attributs, y ajoutant celui de président des Etats-Unis. Rien ne s’invente ici, l’Internet américain regorge de vidéos facétieuses s’amusant des similarités entre les deux personnages.

Lire le décryptage : Marvel, la mine d’or de Walt Disney

Donald Trump lui-même a récemment apporté sa pierre à cette école comparatiste, le 30 décembre 2024, lors d’une soirée privée au club de Mar-a-Lago, à Palm Beach, rendant hommage en sa présence à Isaac Perlmutter, ex-directeur général et PDG de Marvel de 2005 à 2023, devenu grand actionnaire de Disney après lui avoir vendu Marvel : « Ce gars est parti de rien et est devenu propriétaire de Disney. Et puis, il en est parti parce que Disney est devenu woke. Il ne voulait pas d’un Donald Duck woke, n’est-ce pas ? »

De fait, Isaac Perlmutter, proche au sens amical et politique de Donald Trump, s’était opposé au nouveau directeur de Marvel, Kevin Feige, quant à l’opportunité d’exploiter une superhéroïne (Captain Marvel, 2019) ou un super-héros noir (Black Panther, 2022), au point que Bob Iger, PDG de Disney, dut intervenir en faveur de Kevin Feige, avant de pousser Isaac Perlmutter vers la sortie. Bob Iger, d’obédience démocrate, a lui-même été victime d’une tentative de renversement au conseil d’administration de Disney, menée par Isaac Perlmutter et le milliardaire Nelson Peltz, tous deux soutenus par Elon Musk.

Guerre culturelle

Cette histoire témoigne, parmi beaucoup d’autres – notamment le parachutage de Donald Trump comme président du conseil d’administration du prestigieux Kennedy Center de Washington – de la guerre culturelle qui ravage depuis quelques années les Etats-Unis. Il est intéressant d’y souligner la métonymie qu’utilise Trump pour désigner Disney, soit Donald plutôt que l’emblème historique du studio d’animation, Mickey.

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