« Etre né quelque part, c’est toujours un hasard », chantait Maxime Le Forestier. Warren Buffett aurait pu lui emprunter ces mots. Etre né aux Etats-Unis en 1930, en bonne santé, raisonnablement intelligent, blanc et mâle, c’était de la « chance », professe le patron de Berkshire Hathaway, dans une lettre adressée, lundi 10 novembre, à ses actionnaires. « Je vais me taire », prévient celui qui confiera les rênes de la direction générale du groupe, à la fin de l’année, à Gregory Abel, 63 ans, mais non sans livrer un – dernier ? – message en forme de testament.

Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway, lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway Inc. à Omaha (Nebraska), le 3 mai 2024.

Car si, à 95 ans, l’investisseur légendaire ne veut tirer aucune gloire d’avoir bâti un conglomérat (assurances, chemins de fer, chimie…) pesant plus de 1 000 milliards de dollars (863 milliards d’euros) en Bourse, il sait bien que lui succéder s’avère une responsabilité écrasante. C’est vrai pour le futur directeur général de Berkshire, mais aussi pour ses trois enfants, âgés de 67, 70 et 72 ans, administrateurs du groupe. Ces derniers ont créé des fondations auxquelles Warren Buffett transmet peu à peu ses titres de l’entreprise dont il est le premier actionnaire.

D’où ce rappel à afficher d’urgence chez les Arnault, les Bolloré ou les Bettencourt : « J’ai assuré à mes enfants qu’ils n’ont pas besoin de faire de miracles ni de craindre les échecs ou les déceptions. Ils sont inévitables et j’en ai eu ma part. » Et d’alerter également sur le fait que, compte tenu de la taille très importante de Berkshire, de nombreuses entreprises auront de meilleures performances boursières dans les dix ou vingt prochaines années : une façon de dédouaner par avance ses successeurs.

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