A Valenciennes, les manifestants oscillent entre lassitude et espoir que la mobilisation porte ses fruits
Depuis la mobilisation du 10 septembre, Émilie Chevet est de toutes les manifestations à Valenciennes. Une évidence pour cette aide-soignante, syndiquée à la CFDT, qui travaille à l’hôpital du Cateau-Cambrésis. On ne l’arrête plus quand elle se lance pour détailler les conditions de travail « tellement dégradées à l’hôpital public ». Elle raconte les petites histoires du quotidien qui en témoignent et qu’elle vit comme des « formes de maltraitance, même si on essaye, malgré tout, de faire au mieux ». C’est ce qui vient avant ses propres conditions de travail.
Dans son hôpital qui cumule 7 millions d’euros de déficit, « personne ne supportera si on nous supprime la prime Ségur [mise en place après le Covid]. Pour moi, c’est 200 euros par mois. Sur un salaire de 2 200 euros en moyenne, c’est considérable ! Et on ne pourra plus recruter. Une catastrophe ».
Elle observe une mobilisation moindre par rapport à la précédente manifestation à Valenciennes – ils sont un bon millier à défiler – et s’interroge : « avec les retraites, on a manifesté je ne sais combien de fois et pourquoi ? C’est difficile de mobiliser, il y a de lassitude et, pourtant, il n’y a que comme ça que ça peut bouger ! »
Derrière elle, un homme lance les slogans du jour du jour dans le micro : « pas touche au modèle social, faut taxer le capital », « de l’argent pour les précaires, pas pour les milliardaires ! ». Ici, les annonces de Sébastien Lecornu provoquent ricanements ou soupirs désabusés.
Pour Laurent Cheval, 56 ans, fonctionnaire aux finances publiques, « le problème, c’est qu’on fait un politique de rentiers mais les rentes, ça ne crée pas de la valeur ». Lui aussi constate une légère baisse de la mobilisation : « là, c’est juste les enragés qui sont là » sourit-il avant d’enchaîner sur « les politiques » qui « jouent avec nous un jeu de dupes. Sébastien Lecornu, ça ne changera rien. Ses annonces, comment y croire ? De toute façon, il ne veut pas taxer les plus riches… »
Derrière lui, Claudine Lievert, jeune retraitée qui a fait, un temps, partie du mouvement des Gilets Jaunes, se dit « désabusée » même si elle là aujourd’hui : « à l’époque, on a eu des cacahuètes, à partir du moment où il y a eu de la grosse casse à Paris. Feraient mieux de nous écouter avant qu’on ait vraiment la rage… »