Une longue page d’histoire se tourne en Turquie, et c’est toute une région qui retient son souffle. L’annonce du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de sa propre dissolution, le 12 mai, marque un tournant politique dans le pays et même au-delà des frontières. L’organisation, estampillée « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux et qui, plus que toute autre, a incarné la rébellion identitaire kurde, a clos – du moins sur le papier – plus de quarante années de lutte armée contre le pouvoir central turc.

Malgré les incertitudes qui planent sur les négociations en cours, le PKK laisse ainsi entrevoir la fin de ce conflit, qualifié par les spécialistes de « sale guerre », en raison de la violence et des graves atteintes aux droits humains dont ont été accusées les deux parties. Le bilan de ces quatre décennies sanglantes est vertigineux : plus de 40 000 morts, majoritairement kurdes, des milliers de disparus, entre 3 000 et 4 000 villages vidés ou rasés, deux millions à trois millions de déplacés et au moins autant de vies brisées.

Il n’existe pas d’estimations précises du coût financier du conflit, mais si l’on se fie à Cemil Çiçek, ancien ministre du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, la répression de l’insurrection kurde aurait coûté, entre les années 1980 et 2010, pas moins de 300 milliards de dollars (265 milliards d’euros) à l’Etat. Autant de chiffres qui témoignent d’une faillite collective : une plaie béante dans le Sud-Est turc, majoritairement kurde, exsangue économiquement et moralement épuisé.

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