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Samedi 21 septembre, Patrick Viala, vigneron et céréalier à Saint-Nazaire-des-Gardies (Gard), dans le piémont cévenol, a terminé ses vendanges sous un ciel bleu de façon singulière : les derniers seaux de raisins, 1 160 kilos récoltés à la main, ont rejoint la cave coopérative du village sur une remorque tirée par des chevaux.

La trentaine de vendangeurs ont, eux, suivi la charrette en marchant, dans une atmosphère bon enfant même si, en réalité, cet événement créé il y a dix ans n’a rien de folklorique. « Ce n’est pas pour faire carte postale. C’est la marche de la “persévérance” [le nom de la cuvée], explique l’agriculteur. Nous avons vendangé et la quantité n’y est pas. Nous savons que l’année qui arrive va être encore plus difficile. Etre vigneron aujourd’hui, c’est avant tout savoir faire preuve de persévérance. »

Dans le Gard, département où le mouvement des agriculteurs avait été particulièrement suivi en janvier, avec le blocage de l’autoroute A9 durant dix jours, les vignerons, moteur de l’agriculture locale, qui représentent 51 % des exploitations gardoises, ont le moral en berne. Selon les premières estimations, la récolte 2024 a diminué de 30 % par rapport à 2023, passant de 3,2 millions d’hectolitres à 2,5 millions, victime du mildiou et de la coulure (mauvaise fécondation des fleurs). « Et nous sommes à 20 % en dessous de la moyenne décennale », observe Bruno Manzone, président des Vignerons créateurs, un regroupement de six caves coopératives (90 adhérents) dans le sud du département.

Une profession en attente

« Le marché est en crise, l’export souffre, et nos charges, notamment le prix des produits phytosanitaires, ont sensiblement augmenté. Ça va être tendu au niveau de la trésorerie pour un grand nombre d’entre nous », prévient Romain Angelras, 35 ans, président des Jeunes Agriculteurs et lui-même vigneron à la tête d’une centaine d’hectares.

A la suite de la mobilisation du début d’année, les vignerons gardois ont touché des aides d’urgence. Au total, 8,53 millions d’euros ont été versés à 982 exploitations, avec une moyenne de 5 522 euros pour « les dossiers ayant subi des pertes supérieures à 20 % », explique-t-on à la direction départementale des territoires et de la mer.

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Mais, depuis, la profession est en attente. Les aides à l’arrachage, promises par le précédent ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, n’ont pas encore été débloquées par Bruxelles. « Tout le monde attend de connaître les conditions », poursuit le responsable, qui craint que les mesures ne soient pas suffisantes. Dans le département, où 31 % des exploitations ont un dirigeant âgé de plus de 61 ans (source Agreste), l’arrachage pourrait représenter une solution « pour les futurs retraités de sortir de la façon la moins mauvaise de cette situation ».

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