Cette forêt, les autochtones bayakas en ont été privés depuis des dizaines d’années. Deuxième forêt tropicale du monde après le bassin de l’Amazone, s’étendant sur six pays, la forêt du bassin du Congo est un des cœurs battants de la planète, et un terrain d’une importance ancestrale pour la population autochtone.

La création d’aires protégées des années 1970 à 1990, sans consultation aucune, avait privé les Bayakas de leurs terrains de chasse, et engendré d’importantes tensions locales et des conflits d’usage. Plusieurs enquêtes dans les années 2010 du média en ligne Buzzfeed et de l’ONG Survival International ont par ailleurs accusé le Fonds mondial pour la nature (WWF) et la Wildlife Conservation Society (WCS) d’avoir financé et équipé des gardes forestiers auteurs de violations des droits humains, notamment envers les Bayakas, dans plusieurs pays de la région.

Les ONG visées tentent depuis de réhabiliter leur image : dans le parc national de Nouabalé-Ndoki, en République du Congo, 12 gardes bayakas ont accédé au statut d’assistant de recherche, autrefois réservé aux Bantous et aux expatriés, sur les 100 écogardes que le parc compte. En plus de leur rôle traditionnel de pisteurs, ils prennent du galon, et participent pleinement à la protection de leur territoire.

Traditionnellement chasseurs-cueilleurs, les Bayakas de la région ont vu leur mode de vie changer avec la création du PNNN en 1993 et l’interdiction de la chasse dans la zone. Aujourd’hui, presque tous les habitants du village de Bon Coin sont ainsi employés par le parc national. L’interdiction de chasser continue à faire grincer des dents, mais le mode de vie plus moderne et l’accès à l’éducation font l’unanimité parmi la population. « Je préfère ma vie maintenant. Nos enfants savent lire, vont à l’école, explique Michel Moyoua, chef du village. Les Bantous ne nous maltraitent plus et WCS nous aide notamment à manger. »

Gaston Abea, 40 ans, est l’un des premiers autochtones bayakas à avoir été promu assistant de recherche dans le parc national. « Je suis très fier d’étudier les gorilles. Maintenant je voudrais que la nouvelle génération de Bayakas fasse la même chose. » Il déplore cependant la perte de sa culture : « On ne sait pas ce que faisaient nos ancêtres, quel type de chasse ils pratiquaient. Il n’y a plus personne pour apprendre aux jeunes [nos coutumes]. »

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De l’autre côté de la frontière, à Dzanga-Sangha, en République centrafricaine, les Bayakas touchent des revenus des touristes de WWF, mais reçoivent également des aides pour les frais de scolarité et de santé.

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