Kathleen Gomez avait besoin de nouvelles affiches électorales. Elle a donné rendez-vous à la Gloo Factory, à Tucson, à deux heures de voiture de sa maison de Douglas, dans le comté de Cochise (Arizona), pour lequel elle brigue un siège de « supervisor » (membre du conseil qui dirige la collectivité), le 5 novembre.

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La candidate voulait remplacer une de ses affiches, perdue dans la bataille du rond-point de Bisbee, le chef-lieu du comté, un fief démocrate où la haine de Donald Trump est « passionnée », selon elle. La pancarte de l’ancien président n’avait pas survécu aux passions, pas plus que la sienne, rouge vintage, avec juste un petit éléphant dans le coin droit, signalant un tropisme républicain.

The Gloo Factory, une imprimerie et fabrique d’autocollants militants, était en pleine activité, encombrée de tee-shirts et d’affiches : pour Kamala Harris, pour la Palestine, pour l’avortement… « Je dois être leur seule cliente républicaine », a glissé Kathleen, avant de reprendre la route dans son pick-up Chevrolet Silverado. Deux heures aller, deux heures retour pour une affiche, voilà l’Arizona.

Pancartes politiques dans la ville de Douglas, en Arizona, le 5 octobre 2024.

A 68 ans, Kathleen Gomez est en campagne pour « informer » ses concitoyens que le processus politique « fonctionne encore » s’ils se mobilisent. Dans un comté républicain divisé en trois – la gauche de la gauche à Bisbee, la droite de la droite à Tombstone et les Latinos, plutôt démocrates, à Douglas –, elle compte sur son nom pour se faire élire.

Jésus, le pape et JFK, « notre Trinité »

La famille Gomez est établie depuis quatre générations à Douglas, à la frontière avec le Mexique. Julio Gomez, l’arrière-grand-père, mort en 1928, est enterré au cimetière du Sacred Heart, le seul d’Amérique du Nord, dit-on, où les tombes sont orientées vers le sud. Michael Gomez, le grand-père, tenait une épicerie où il vendait des fruits secs et dispensait des conseils aux gringos venus solliciter le vote mexicain. La boutique était décorée de gravures de Jésus, du pape et de John F. Kennedy. « Notre Trinité », se souvient Kathleen, qui a pris dans l’arrière-boutique le virus de la politique. Mike Gomez, son père, 93 ans, a été l’un des premiers dentistes latinos de l’Arizona, et maire de Douglas de 2008 à 2012. La famille avait toujours été démocrate. Jusqu’à Donald Trump.

Arrivée de migrants en baisse

Dans l’union américaine, l’Arizona est un Etat à part, mi-décor de far-west peuplé de ranchers, mi-terre de mission pour l’aéronautique et les semi-conducteurs. Avec 7,5 millions d’habitants, il n’aurait aucune importance politique si le système électoral américain n’en avait fait l’un des sept swing states de l’élection de 2024. En 2016, Donald Trump l’avait emporté sur Hillary Clinton (de 91 234 voix). En 2020, Joe Biden a conquis l’Etat (de 10 457 voix). Le vainqueur du 5 novembre emportera onze sièges au collège électoral, et peut-être la Maison Blanche.

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