A quoi tiennent l’alimentation, la santé, l’éducation et jusqu’à la survie de milliers d’êtres humains vivant dans les pays pauvres ? Parfois à un executive order, ces décrets que Donald Trump paraphe d’une main vengeresse dans le bureau Ovale, sous l’œil des caméras, avant de s’envoler vers la Floride et sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago. Comme s’il n’y avait rien de plus urgent, le président milliardaire avait suspendu pour trois mois, dès le 20 janvier, jour de son investiture, les opérations de l’agence fédérale de développement Usaid. Il en a fallu moins de deux à son secrétaire d’Etat pour en supprimer 83 %, le 10 mars, sans évaluation sérieuse préalable.
Marco Rubio l’affirme, les 5 200 contrats annulés ont « coûté des dizaines de milliards de dollars » aux Etats-Unis et souvent « nui à leurs intérêts fondamentaux » ; les 1 000 sauvegardés devront respecter l’idéologie MAGA (Make America Great Again) censée rendre sa grandeur aux Etats-Unis. Rien de surprenant de la part d’une administration sans empathie, dominée par un clan de ploutocrates venus de Wall Street, des Big Oil et de la Silicon Valley. Mais pour quels résultats ? Panique, colère et désespoir d’ONG contraintes de tout arrêter ; vies en sursis de centaines de milliers de personnes ; réduction infinitésimale du déficit budgétaire.
Dans la chasse aux dépenses du DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale d’Elon Musk, patron de X et de Tesla, celles de l’Usaid sont en effet une modeste prise. Ses programmes d’un coût de 42 milliards de dollars (38,5 milliards d’euros) pèsent 0,6 % du budget fédéral ; l’aide globale (humanitaire et économique, hors armements) de 72 milliards de dollars en 2023 représente 0,25 % du PIB. Mais la seule question pertinente pour M. Rubio, dont le ministère supervisera désormais ce qu’il reste de l’Usaid, est de savoir « si elle rend l’Amérique plus sûre, plus forte et plus prospère ».
A cette aune-là, le programme Pepfar contre la propagation du sida n’a pas de raison d’être, même si l’initiative prise en 2003 par le président George W. Bush a sauvé 26 millions de vies, surtout en Afrique. Les hôpitaux de Gaza ? Inutiles, pour les Américains. On pourrait croire que le financement des camps-prisons du Nord-Est syrien, où s’entassent des milliers de djihadistes de l’organisation Etat islamique et leurs familles, renforce la sécurité des Occidentaux face au terrorisme. Erreur, l’aide a été massacrée à la tronçonneuse.
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