Lorsque Hafez Al-Assad, défié par son frère Rifaat après une brève hospitalisation en novembre 1983, dénoue à son profit, en février 1984, la plus sérieuse crise interne de son régime, son fils aîné, Bassel, apparaît pour la première fois au premier plan. Il est au côté de son père lorsque ce dernier se rend auprès de son rival dans la capitale syrienne, où deux camps, appuyés par leurs forces armées respectives, se font face. Agé de 21 ans, le fils aîné du président est alors loin de pouvoir peser face aux caciques installés depuis parfois plus d’une décennie aux postes stratégiques de la « sécuritocratie » syrienne, ou du parti Baas. C’est pourtant lui que Hafez Al-Assad, échaudé par l’épisode, va choisir comme héritier.

Jamais le président syrien n’en fera l’aveu. Lorsqu’il est interrogé sur l’identité d’un possible successeur après cette crise, il se borne à détailler le processus prévu par la Constitution syrienne. Elle fixe à 40 ans l’âge minimal exigé pour pouvoir prétendre à la fonction présidentielle. Paradoxalement, cet obstacle formel protégera Bassel Al-Assad dans les premières années de son ascension au sein de l’armée. Tout en grimpant dans la hiérarchie et en nouant des liens avec des responsables régionaux de sa génération, le fils aîné de Hafez El-Assad parvient à incarner, très progressivement, l’hypothèse d’une modernisation du régime.

Cette modernisation n’est cependant envisagée que dans un cadre autoritaire. Lorsqu’un cavalier plus doué que le fils du président, qui remporte de nombreuses compétitions de saut d’obstacles, lui fait de l’ombre, il est jeté sans jugement en prison et y croupira plus de vingt ans.

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