Plusieurs milliers de civelles virevoltent déjà au fond de la petite caisse blanche. Les mouvements de leurs corps longs et translucides évoquent une sorte de ballet, auquel se joignent peu à peu de nouvelles jeunes anguilles, versées dans le bac de polystyrène par un pêcheur. L’homme a l’œil rivé sur l’écran de la balance qui mesure la masse d’alevins. « On est à 3 kilos. » Stop. D’autres bras s’emparent à présent de la caisse : il faut la fermer, la remplir d’oxygène et passer, vite, à la suivante. « On fait ça à la chaîne », s’amuse un participant. D’ici à quelques heures seulement, deux camions frigorifiques viendront dans ce centre de stockage de civelles de Cordemais (Loire-Atlantique), situé entre Nantes et Saint-Nazaire, récupérer 400 kilos de juvéniles – environ 900 000 individus – capturées dans l’estuaire de Loire.

Des pêcheurs mettent en caisse des civelles sous la surveillance d’un agent des affaires maritimes. A Cordemais (Loire-Atlantique), le 26 février 2025.

Elles ne sont pas destinées à être consommées, mais à être relâchées, en amont, dans endroits moins peuplés, considérés comme propices à leur croissance en eau douce. « On va les emmener plus haut sur la Loire », glisse Benjamin Colliot. Casquette à l’envers et bottes bleu marine aux pieds, le pêcheur interrompt quelques secondes ses allers-retours pour désigner la dizaine de boîtes déjà closes empilées à l’extérieur du bâtiment. Malgré les incertitudes sur l’efficacité des transferts artificiels de jeunes anguilles, qui visent à augmenter le nombre de poissons prêts à repartir en mer pour se reproduire, ceux-ci représentent « un espoir », confie le trentenaire : celui que « la pêche à la civelle puisse continuer ».

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