Sur la nouvelle piste cyclable entre Treillières et Grandchamp-des-Fontaines, dans la Loire-Atlantique, des cyclistes pédalent, sans se soucier de leurs voisins motorisés lancés à 80 kilomètres-heure. Voilà deux ans, ils devaient se partager la même route étroite, sans trottoir, très fréquentée. Désormais, un terre-plein central sécurisé délimite l’espace de chacun, « biclous » et piétons d’un côté, voitures, semi-remorques et cars de l’autre. Il a fallu quatre ans de négociations pour parvenir à un tel ouvrage, atypique en milieu rural.

La communauté de communes d’Erdre et Gesvres (CCEG) est allée voir propriétaires fonciers et agriculteurs un par un, afin qu’ils lui cèdent un bout de terrain sur le tracé, moyennant contreparties : replantation de haies et d’arbres, indemnités compensatoires… Le résultat est là, qui s’étire sur 3 kilomètres, passe à travers une maison surprenante dans laquelle a été creusé un porche. Il démontre que la campagne et le périurbain peuvent espérer « sortir du tout-bagnole et de l’emprise pavillonnaire », veut croire l’un des artisans du projet, Wilfried Braud, responsable du service mobilité de la CCEG.

En matière de politique du vélo hors agglomération, Erdre et Gesvres (12 communes, 67 000 habitants) est devenue une référence nationale. Le déclic remonte à dix ans. Dans un contexte d’augmentation continue de la population et de pression foncière dans ce territoire attractif proche de Nantes, « les élus ont pris conscience qu’une alternative aux bouchons devenait indispensable », relate M. Braud. L’objectif n’est pas de remplacer la voiture (75 % des déplacements), mais de réduire sa part. Et de multiplier par cinq celle du vélo (0,6 % aujourd’hui).

Stratégie « intermodale »

Si le réseau cyclable s’étend dans les agglomérations, il demeure encore marginal dans les campagnes – ou à vocation touristique. Plusieurs collectivités et territoires ruraux s’y emploient, mais ils peuvent se trouver freinés par le manque de moyens et d’ingénierie. Ce n’est qu’en 2023 que le plan vélo du gouvernement a consacré une enveloppe aux territoires peu denses. Rappelant que la moitié des déplacements du quotidien dans les territoires ruraux et périurbains fait moins de 5 kilomètres, la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) voit dans le vélo « un potentiel de transport crédible pour la quasi-totalité de ces trajets courts ».

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Erdre et Gesvres en a fait sa priorité. Et voit grand, avec un objectif de 190 kilomètres d’aménagements cyclables à l’horizon 2030. Une stratégie « intermodale » permettant de relier les communes, les gares, les arrêts de bus… Un projet pour lequel elle a pu investir 20 millions d’euros, pour moitié pris en charge par l’Etat, le reste par la région Pays de la Loire, le département et la CCEG. Auxquels s’ajoutent diverses subventions.

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