José Daniel Ferrer à La Havane, le 12 mai 2016.

« Face aux actions constantes de la police politique pour que nous quittions Cuba, j’ai fini par accepter l’exil », a annoncé l’opposant historique cubain José Daniel Ferrer, emprisonné dans l’est de Cuba, dans une lettre datée du 10 septembre.

« Au cours de ces derniers quatre mois et dix-neuf jours, la cruauté de la dictature à mon égard a dépassé toutes les limites », dénonce le dissident dans cette lettre lue à l’Agence-France Presse (AFP) vendredi 3 octobre par son épouse, Nelva Ortega. Il y cite « les coups, les tortures, les humiliations, les menaces et les conditions extrêmes, les vols de nourriture et de produits d’hygiène ordonnés par les sbires du régime ».

Selon son épouse, son départ vers une destination qui n’a pas été précisée pourrait avoir lieu dès lundi. Mais les autorités sont toujours en possession de son passeport, a-t-elle précisé à l’AFP.

José Daniel Ferrer, aujourd’hui âgé de 55 ans, est un partisan de longue date de la lutte pacifique en faveur d’un changement démocratique sur l’île communiste. « Je pars de Cuba avec ma dignité et mon honneur porté haut et [je ne pars] pas pour longtemps », ajoute le dissident dans sa missive.

Il avait été remis en liberté en janvier dans le cadre d’un accord négocié avec le Vatican sous le mandat de l’ex-président américain Joe Biden en vue de la libération de centaines de prisonniers. Il avait été à nouveau emprisonné en avril.

« Posture complice du monde libre »

L’opposant, fondateur du mouvement Union patriotique de Cuba (Unpacu), qualifié d’illégal par les autorités, avait été auparavant arrêté le 11 juillet 2021, tandis qu’il tentait de se joindre aux manifestations antigouvernementales historiques qui secouaient Cuba. Un tribunal avait alors mis un terme à sa liberté conditionnelle et l’avait renvoyé en prison pour finir de purger une peine de quatre ans et demi à laquelle il avait déjà été condamné en 2020.

Pendant ses quelques mois en liberté au cours de cette année, José Daniel Ferrer avait défié les autorités en critiquant le pouvoir communiste sur les réseaux sociaux. Il avait également mis en place à son domicile, pour accueillir des indigents, une cantine financée par des Cubains de l’étranger, des activités que le gouvernement considère comme du prosélytisme politique.

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« Parmi les autres raisons qui m’ont poussé à envisager l’exil, il y a la posture complice ou faible du monde libre face à une tyrannie criminelle alliée aux principaux ennemis de la liberté sur la planète », écrit aussi le dissident, dans une allusion à peine voilée à la position de l’Union européenne qui maintient un « accord de dialogue politique et de coopération » avec La Havane, vertement critiqué sur l’île par les opposants. « Seuls les Etats-Unis maintiennent une position ferme contre le régime communiste et une véritable solidarité avec l’opposition pacifique et le peuple cubain », affirme José Daniel Ferrer.

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Le Monde avec AFP

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