Le bureau de l’Assemblée nationale a décidé, mercredi 9 octobre, de saisir la justice du cas de l’ex-ministre macroniste Aurore Bergé, accusée par des députés de gauche de « faux témoignage » pour avoir récusé devant une commission d’enquête tout lien personnel avec une lobbyiste des crèches privées, selon une information de l’Agence France-Presse (AFP) confirmée par Le Monde. La « demande d’engagement de poursuites » pénales contre Mme Bergé – aujourd’hui députée Ensemble pour la République – a été validée par dix voix « pour » et neuf voix « contre », lors d’un vote du bureau, instance exécutive dominée par la gauche, ont précisé les sources de l’AFP.

Les parlementaires « insoumis » et écologistes qui demandent cette procédure se fondent sur des propos tenus le 30 avril par Mme Bergé devant une commission d’enquête parlementaire sur le « modèle économique des crèches ». Sous serment, elle y avait affirmé n’avoir aucun « lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances » avec la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), Elsa Hervy.

Or, dans son livre-enquête Les Ogres (Flammarion), sur les dérives et la « voracité » de certains groupes privés de crèches, le journaliste d’investigation Victor Castanet évoque un « pacte de non-agression » qui aurait été conclu entre Mme Bergé, à l’époque où elle était ministre des Familles (juillet 2023-janvier 2024), et Elsa Hervy. Mme Bergé a signalé la semaine dernière avoir déposé plainte en diffamation après la publication de ces révélations.

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De son côté, Victor Castanet a rendu publics des documents montrant selon lui « qu’il y a eu une entente entre Aurore Bergé et Elsa Hervy pour étouffer l’incendie ». L’un de ces documents est un courriel, adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, dans lequel elle dit à propos de Mme Hervy : « C’est surtout une copine 🙂 Elle sera très aidante avec moi. »

Après ces révélations, et le vote de mercredi, « Aurore Bergé devra rendre des comptes pour avoir menti devant la représentation nationale », s’est félicitée sur X la cheffe des députés « insoumis », Mathilde Panot. « On ne copine pas avec les lobbys qui maltraitent les enfants quand on est ministre en charge de la petite enfance », a-t-elle ajouté. L’ex-ministre doit désormais « pouvoir se défendre de ces accusations devant la justice plutôt que sur les plateaux TV », a commenté de son côté le député écologiste Emmanuel Duplessy.

Pour Mme Bergé, le Nouveau front populaire « a sans surprise décidé une nouvelle fois de se soumettre à LFI » et à sa « demande infondée » à son encontre. « La gauche n’en finit plus son naufrage politique et démocratique », a-t-elle déploré.

Le Monde avec AFP

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