A observer les résultats de la France dans les études internationales sur le niveau des élèves, un observateur pressé serait tenté de conclure que les jeunes Français n’ont pas la bosse des mathématiques. La dernière étude Trends in International Mathematics and Science Study (Timss), publiée en décembre 2024, dresse le portrait-robot d’un élève médiocre, stagnant à un score préoccupant par rapport aux autres pays riches. La France reste dernière de l’Union européenne en CM1 et avant-dernière en 4e. Elle est avant-dernière des pays de l’OCDE dans les deux niveaux.

Y aurait-il un « esprit français » rétif à cette discipline ? L’hypothèse ne tient pas, pas plus que l’épouvantable préjugé selon lequel les garçons sont prédisposés aux mathématiques, et pas les filles. Peut-être faudrait-il aussi cesser de croire que le « talent » est nécessaire pour réussir en mathématiques, une idée qui commence à intimider les filles dès la classe de CP. « Il n’y a pas de prédisposition ou de malédiction à être bon ou mauvais en maths, plaide Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public. Pour apprendre, il faut commencer par se tromper. »

L’explication des piètres performances françaises est plutôt à chercher dans les dysfonctionnements du système scolaire : les élèves les plus pauvres y réussissent plutôt mal, les plus favorisés plutôt mieux, l’écart entre les meilleurs et les moins bons est plus élevé que dans d’autres pays. Ces inégalités génèrent de mauvais résultats particulièrement visibles en mathématiques, discipline reine qui sélectionne vers les meilleures filières du supérieur. On retrouverait sans doute ces contre-performances en histoire ou en chimie si la comparaison portait sur ces disciplines.

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L’incapacité du système à réduire les écarts sociaux trouve en partie sa source dans l’hétérogénéité des élèves, incomparable avec celle de pays européens plus performants. Cette hétérogénéité est difficile à gérer en raison de la taille des classes, plus élevée qu’en moyenne dans l’OCDE. Les enseignants se déclarent également moins bien formés que leurs homologues européens à la gestion des disparités de niveau.

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