La nuit vient de tomber, ce 18 décembre 2024, lorsqu’un jet privé Bombardier Challenger 604 se pose à l’aéroport de Ouagadougou, au Burkina Faso. Propriété de la société Air Ocean Maroc, leader de l’aviation d’affaires dans le royaume chérifien, l’appareil a été envoyé par les services de renseignement marocains. Trois heures plus tard, quatre passagers s’y engouffrent : ces agents de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français, viennent de passer plus d’un an en détention au Burkina Faso et s’apprêtent, enfin, à rentrer en France. A 23 h 52, l’avion redécolle, direction Casablanca. A Paris, le soulagement est général au siège de la DGSE, boulevard Mortier : c’est la fin d’une des plus graves crises internes de la « boîte », où le sort du quatuor n’en finissait plus de susciter des remous.

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Cette libération, obtenue après des tractations secrètes longtemps infructueuses, les autorités françaises la doivent en grande partie à la médiation du Maroc. Le 19 décembre 2024, une fois les agents arrivés dans ce pays, l’Elysée annonce qu’Emmanuel Macron s’est entretenu avec le roi Mohammed VI, afin de « le remercier chaleureusement de la réussite de la médiation qui a rendu possible [leur] libération ». Un succès diplomatique pour Rabat, qui intervient après la réconciliation du Maroc avec Paris, fin juillet, quand M. Macron avait reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Certains y voient aussi un signe de décrispation envoyé par le capitaine Ibrahim Traoré (surnommé « IB »), à la tête du Burkina Faso depuis le putsch de 2022. Comme son homologue malien, le général Assimi Goïta, l’officier putschiste âgé de 36 ans a rompu les liens avec la France, après un coup d’Etat. Entre Ouagadougou et Paris, les relations sont alors devenues exécrables : renvoi de l’ambassadeur et des forces spéciales françaises basées dans le pays depuis plus d’une décennie, déclarations au vitriol contre l’ex-puissance coloniale… En coulisse, pourtant, la coopération opérationnelle se poursuit entre l’agence nationale de renseignement (ANR) burkinabée et la DGSE. C’est dans ce cadre que les quatre hommes se rendent à Ouagadougou, le 29 novembre 2023. Membres de la direction technique qui gère les systèmes informatiques et de télécommunications, ces techniciens y sont présents pour une opération ponctuelle de quelques jours.

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