Le saviez-vous ? Les souris peuvent dormir sans fermer leurs paupières. Cette caractéristique a été mise à profit par une équipe de l’université Cornell (Ithaca, New York) pour tenter de percer une énigme majeure concernant la mémoire. On sait que le sommeil est essentiel à la consolidation des souvenirs, en permettant de « rejouer » mentalement les événements de la journée écoulée. Mais comment notre cerveau parvient-il à éviter les interférences, et des effacements catastrophiques entre les apprentissages déjà stockés et ceux en cours d’acquisition ?

Une des hypothèses avancées est que notre sommeil serait découpé en des phases distinctes permettant chacune de réactiver différents types de souvenirs, pour les consolider. Comme ils l’expliquent dans une étude publiée dans Nature, le 1er janvier, Azahara Oliva et ses collègues ont voulu la tester en mesurant simultanément l’activité neuronale au sein d’une structure cérébrale essentielle à la mémorisation, l’hippocampe, et la façon dont les pupilles des rongeurs se contractaient et se dilataient durant une phase du sommeil dit « non paradoxal », essentielle à la mémorisation. Des travaux antérieurs ont aussi montré que l’activité des pupilles trahit des changements d’état cérébral pendant le sommeil.

Les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées afin qu’une lumière d’une longueur d’onde donnée interfère avec l’activité de leurs neurones – une technique appelée « optogénétique ». Les rongeurs se sont d’abord familiarisés avec différentes tâches, comme trouver de l’eau ou des biscuits dans des labyrinthes. Ils ont ensuite été équipés d’électrodes intracérébrales pour mesurer l’activité au sein de l’hippocampe, mais aussi de fibres optiques acheminant dans leur cerveau la lumière laser permettant de la perturber. Puis ils ont été casqués de minuscules caméras infrarouges capables de suivre l’état de contraction de leurs pupilles pendant leur sommeil. Enfin, ils ont été placés dans un environnement nouveau, face à des missions inédites.

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