Livre. Plus qu’un projet économique, la « politique de l’offre » constitue un « hold-up » au profit des plus riches et des entreprises. Telle est l’analyse développée avec force par Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, journalistes au Nouvel Obs, dans Le Grand Détournement (Allary Editions, 224 pages, 19,90 euros). Ce livre enquête paraît à point nommé, au moment précis où la chute du gouvernement Bayrou oblige les responsables politiques à s’interroger sur la ligne à suivre pour boucler le budget 2026 et redresser les finances publiques de façon à la fois durable et juste.

Depuis trois décennies, un transfert colossal a été mis en place avec l’aval des gouvernements successifs, affirment les auteurs. D’un côté, la pression n’a cessé de s’accentuer sur les contribuables « lambda ». De l’autre, l’argent tiré des impôts est, en partie, dérouté vers les particuliers les plus fortunés, les grandes entreprises et leurs actionnaires. « Dans un pays longtemps présenté comme un modèle d’égalité, la fiscalité s’est peu à peu inversée », résument Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre.

Si le fait que les milliardaires paient relativement peu d’impôts est déjà connu, en particulier grâce aux travaux de l’économiste Gabriel Zucman, l’ouvrage n’en présente pas moins trois intérêts. D’abord, il est solidement étayé avec des chiffres récents et fiables. Ensuite, les auteurs ont un talent certain pour vulgariser des phénomènes complexes, comme l’enchevêtrement fiscal ou le maquis des aides publiques, et surtout pour les articuler de manière à dessiner une image globale.

Creusement du déficit public

Enfin, le livre avance un chiffrage inédit, celui de l’ensemble du « détournement » allégué : environ 270 milliards d’euros par an. Un total impressionnant, et qui sera sans nul doute contesté. Il recouvre à la fois les aides directes aux entreprises, les niches fiscales dont elles bénéficient ainsi que leurs actionnaires et les exonérations et exemptions de charges patronales.

Il vous reste 37.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version