« L’obligation verte fonctionne comme le capitalisme du XIXe siècle, quand on prêtait pour construire le rail américain », décrit Bertrand Rocher, coresponsable de la gestion obligataire de Mirova. Les émetteurs de ces titres communiquent en effet sur les projets qu’ils financent et leur impact environnemental. Vous savez donc dans quoi vous investissez… à condition de lire 400 pages de documentation. A condition, aussi, de détenir les fonds, si vous souhaitez souscrire directement, « la portion minimale à acquérir pouvant valoir 100 000 euros », précise Marie Lassegnore, responsable de l’investissement social et environnemental au Crédit mutuel Asset Management (CM-AM).

De nombreux fonds « green bonds » permettent cependant d’investir avec des tickets d’entrée bien moindres. Certains ne contiennent que des obligations vertes, d’autres mélangent différents titres de dette, émis par des entreprises et des acteurs nationaux et supranationaux. Dans le fonds de CM-AM, on trouve par exemple un bon de la Banque africaine de développement « qui agrège des microprojets du continent, comme des infrastructures d’eau potable au Rwanda », illustre Mme Lassegnore.

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Pour composer ces portefeuilles, des analystes évaluent l’intérêt environnemental des projets. « Si une obligation verte “immeuble vert-efficacité énergétique” vient d’une entreprise technologique et que son plan de décarbonation se limite à la rénovation de son siège social, elle n’est pas éligible », explique Agathe Foussard, gérante obligataire chez Mirova. Même refus pour « une collectivité territoriale qui finance une voie ferroviaire avec un titre vert, alors qu’elle va étendre une mine de charbon à ciel ouvert sur son sol », développe-t-elle.

Ces dernières années, l’engouement des investisseurs a attiré sur ce marché des émetteurs manquant d’ambition. Le taux de rejet avait ainsi atteint les 40 % chez Mirova, mais s’est réduit à 20 % en 2024. Même avant l’entrée en vigueur, fin 2024, de la nouvelle norme européenne EuGB, « le marché avait déjà commencé à s’autodiscipliner », estime Mme Foussard.

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