Mardi 4 mars, devant le Congrès, Donald Trump adressait un message menaçant au « peuple incroyable du Groenland », ce « très grand territoire » dont les Américains ont « vraiment besoin pour la sécurité internationale » : « Je pense que nous l’obtiendrons – d’une manière ou d’une autre, nous l’obtiendrons. Nous assurerons votre sécurité. Nous vous rendrons riches. Et ensemble nous porterons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais crus possibles auparavant. »

Les visées expansionnistes répétées de Trump – envers le Groenland, le Canada, ou le canal de Panama – s’expliquent par d’évidentes justifications d’ordre économique et géostratégique. Mais l’ambition renoue aussi avec un imaginaire national que l’on croyait tombé en désuétude : celui de la « frontière », qui fait de l’Amérique un pays étendant sans cesse son territoire.

Difficile d’imaginer plus éloigné du mythe de la conquête de l’Ouest que Donald Trump, un milliardaire né à New York, propriétaire d’un triplex doré au sommet d’un gratte-ciel, surtout connu jusque-là pour vouloir au contraire renforcer d’un mur la frontière sud du pays. Et pourtant : « L’esprit de la frontière est inscrit dans nos cœurs, s’enthousiasmait-il lors de son discours d’investiture, le 20 janvier. L’appel de la prochaine grande aventure résonne au plus profond de nos âmes. (…) Nos ancêtres américains ont transformé un petit groupe de colonies à la lisière d’un vaste continent en une puissante république, étendue sur des milliers de kilomètres à travers une terre accidentée et sauvage. »

Il vous reste 85.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version