
Il est la bouille toute en rondeur de la révolte. De la colère populaire, affublée d’un gros nez rouge. De la résistance au système et aux élites politico-médiatiques, en salopette rayée ou fesses à l’air. Depuis sa mort, le 19 juin 1986, il y aura bientôt quarante ans, à chaque mouvement social débordant « sans idéologie, discours ni baratin » dans les rues du pays, il redevient emblème, bras d’honneur au pouvoir. En 2018, il était une des références des « gilets jaunes ». Aujourd’hui, son nom réapparaît dans le sillage de Bloquons tout. Coluche.
Etonnant jeu de miroirs, d’identification et d’autodérision entre les Français et celui qui se tailla une célébrité en en moquant les travers et, à l’occasion, le racisme. Le Monde mettra quelque temps à comprendre les ressorts de ce succès, à dénicher le fond de vérité enfouie sous le faux masque de la vulgarité. Le 10 juin 1970, un an après ses débuts au Café de la gare, Colette Godard le cite une première fois, aux côtés de Patrick Dewaere, Miou-Miou ou Renaud Séchan, dans la brochette de futures vedettes qui se font la main sur cette scène créée par Romain Bouteille.
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