Elle a quitté Paris « sur un coup de tête ». Le week-end qui a suivi le premier déconfinement, en mai 2020, Jessy (elle n’a pas souhaité donner son nom) a fui son studio du quartier Charonne, dans l’est de la capitale, pour passer six jours chez une amie dans le Perche. Charmée, elle se dit subitement, alors qu’elle est au volant : « Et pourquoi pas ? » Durant ce court séjour, elle décide de visiter quelques maisons. « J’ai vu la mienne, dans un hameau à proximité d’Authon-du-Perche [Eure-et-Loir]. J’ai fait une offre », raconte-t-elle.

Jessy a alors 39 ans, elle a quitté son emploi dans l’événementiel par rupture conventionnelle. Elle n’a jamais vécu à la campagne. « C’était un challenge, analyse-t-elle. J’avais envie de vivre cette expérience, un peu à la dure, de passer l’hiver ici sans emploi, sans connaître personne. De repartir de zéro. » Elle vend son 30 mètres carrés parisien et cette somme lui permet d’acheter sa maison de 125 mètres carrés avec terrain.

Cinq ans plus tard, il n’est pas question pour elle de retourner vivre en ville, ni même dans un centre-bourg. Sa nouvelle vie comporte pourtant son lot de difficultés. Faute de trouver un emploi proche de ses expériences passées, Jessy a créé sa microentreprise de conciergerie pour gérer des maisons louées en Airbnb, très nombreuses dans ce coin de bocage, à moins de deux heures de Paris. Elle a aussi passé un CAP de cuisine pour devenir cheffe à domicile et compléter ses revenus.

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« Dans le Perche, on appelle les Franciliens comme moi les “accourus”, parce qu’on accourt aux beaux jours. Quand j’ai visité ma maison, le père de ma voisine a lancé : “La Parisienne, elle ne tiendra pas un an” », raconte-t-elle. Si l’intégration dans cette bourgade de quelques maisons s’est d’abord bien passée, les relations avec le seul autre ménage y vivant à l’année se sont brusquement détériorées. « Lui n’a pas accepté que sa femme passe régulièrement du temps avec moi, ni peut-être le fait que beaucoup d’amis venaient me voir, avance Jessy. Depuis trois ans, on ne se parle plus du tout. » Elle vient donc de revendre sa maison, pour s’installer non loin de là, dans un autre petit hameau.

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