« Elles vous vont bien. » Pour vendre, l’opticienne du magasin L’Ere des lunettes a la flatterie facile, malgré la disproportion manifeste entre la monture et le visage du client. Elle a encore d’autres modèles à proposer, et elle peut tous les adapter à la correction requise. Dans ce marché, tout le premier étage est consacré à la vente de lunettes. Quant à l’étage du dessous, les commerçants n’en parlent plus trop, comme s’ils faisaient abstraction de l’épicentre d’une pandémie qui a mis le monde à l’arrêt.
Chaque chaîne de télévision, chaque journal sur la planète a pourtant montré les photos du marché de frais de Huanan, dont le nom signifie « sud de la Chine », même si Wuhan est plutôt dans le centre. Au croisement de la rue de la Chine nouvelle et de la rue du Développement, non loin de la grande gare de Hankou, le bâtiment reste entouré de palissades, cinq ans après le début de la crise du Covid. Des affiches informent du déménagement définitif de l’activité alimentaire vers un autre district. Le commerce de lunettes avait pu reprendre dès juin 2020.
Nul ne sait ce qu’il adviendra à terme du bâtiment, tant il reste associé à l’émergence du Covid-19, frappé de cette image d’insalubrité, d’une Chine amatrice de pangolin qui ne correspond en rien à la vie des gens ordinaires, et de la controverse persistante sur les origines du virus. « C’était il y a longtemps. Le marché de frais a dû partir, mais nous, on peut rester pour l’instant », confie l’opticienne.
Recul du marché automobile
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