Avec son crâne rasé et son ample robe de coton bleue, Tang Lei a des airs de nonne bouddhiste, mais n’en a pas mené la vie. En 1997, elle a ouvert le premier bar à concerts de Chengdu, la capitale du Sichuan, vaste province montagneuse située dans le sud-ouest de la Chine, au pied du plateau tibétain. Pendant plus de vingt ans, elle a porté la scène rock locale à bout de bras et organisé des tournées à travers tout le pays. Et puis, à 67 ans, la fatigue et des problèmes de voisinage dus au bruit ont eu raison de son enthousiasme. Elle a décidé de fermer sa salle en début d’année. Mais, quand la nouvelle s’est répandue, des centaines de milliers d’internautes ont réagi : le sujet s’est hissé parmi les plus discutés sur Weibo, le réseau social chinois. « Même des responsables du gouvernement local sont venus me voir pour m’encourager à continuer », raconte-t-elle avec un sourire.

Cet après-midi de la fin août, plus d’une centaine de personnes assistent à la réouverture des lieux : des rockeurs, des étudiants, des artistes à cheveux longs, des intellos à lunettes. Le bar a reçu des dizaines de bouquets de fleurs, envoyés en cadeau, et les a disposés en évidence sur son parking. La patronne a fini par se laisser convaincre, à condition de changer un peu le concept : les concerts de rock seront délocalisés dans une salle plus vaste, bien insonorisée, au sous-sol d’un centre commercial, tandis que l’espace en centre-ville accueillera des performances plus calmes. « J’ai été touchée par la mobilisation des gens. A Chengdu, on a une expression : “hao shuo hao shangliang” [“on peut tout discuter et tout résoudre”]. Nous prenons les choses comme elles viennent. Je suis bouddhiste et je suis prête à changer d’avis quand il s’agit de faire plaisir. »

Fondée il y a deux mille cinq cents ans, Chengdu est devenue ces dernières années la cité la plus attractive de Chine grâce à son offre culturelle et à sa réputation de ville « relax » (songchi, en chinois), loin de la pression qui rythme la vie dans les mégalopoles de la côte.

Entre 2019 et 2023, la principale métropole de l’Ouest a connu le plus fort essor démographique du pays, passant de 17 millions à 21 millions d’habitants, portée par un taux de croissance économique annuel de 5,8 % en moyenne, contre 4,9 % au niveau national.

Connue pour sa réserve de pandas – l’animal est considéré comme un trésor national en Chine –, la ville a attiré 9,3 millions de visiteurs en 2023, ravis de découvrir ses parcs, ses vastes salons de thé, ses fondues épicées et son dynamisme culturel. Elle sert aussi de point de ralliement aux touristes venus explorer la nature préservée du Sichuan, avec ses plateaux, ses fleuves et ses hauts sommets.

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