Le boom de l’intelligence artificielle générative (IAG) signe-t-il le retour en grâce de la gestion active ? Quelques instructions (ou prompts) suffisent pour demander à ChatGPT des recommandations sur une action, un marché, voire une stratégie offensive prenant le marché à revers. « L’IAG ouvre des champs nouveaux. Tous les acteurs de la finance regardent ça, de près plutôt que de loin », confirme Alain Bokobza, responsable mondial de la stratégie d’allocation d’actifs chez Société générale CIB.

Depuis plusieurs années déjà, les algorithmes permettent aux investisseurs professionnels d’enrichir leurs analyses en « digérant » pour eux des données non chiffrées : du texte (publications, enquêtes de conjoncture), de l’image (vues satellite) ou de l’audio (propos d’un dirigeant lors d’une émission de télé ou de radio).

« Ces informations sont transformées en signaux positifs ou négatifs. L’analyse d’images satellite, par exemple, permet de mesurer la déforestation ou les émissions carbone imputables à une entreprise, et le risque sous-jacent », explique Marie Brière, directrice scientifique du programme FaIR (Finance and Insurance Reloaded) sur la digitalisation de la finance à l’Institut Louis-Bachelier.

Ajustements en temps réel

L’analyse de sentiment entraîne l’apparition de nouveaux comportements. En 2023, des chercheurs américains ont ainsi montré que les entreprises adaptaient leur langage à l’audience « machine » en évitant, dans leurs communiqués, de recourir aux mots à connotation négative.

Les algorithmes peuvent rendre les marchés dans leur ensemble plus efficients, la puissance d’analyse des nouveaux moteurs d’intelligence artificielle (IA) permettant de repérer et de corriger certaines anomalies : une information positive ou négative passée inaperçue, un écart de prix ponctuel selon qu’une même action est cotée à Paris ou à New York… Les ajustements se font de plus en plus vite.

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« Avant, le tradeur se référait à des indices de production ou de consommation mensuels. A présent, des robots analysent en temps réel le taux de remplissage des parkings des supermarchés, ou les flux de porte-conteneurs sur l’océan. L’information s’incorpore au fur et à mesure dans les prix. Cette information peut toutefois être faussée, par exemple quand le ciel est nuageux », décrit Marie Brière. Mais, dans cette masse d’informations de court terme, les investisseurs doivent savoir « faire la différence entre le bruit et les informations discriminantes », glisse Alain Bokobza.

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