C’était en décembre 1994, à Cambridge, à une centaine de kilomètres au nord de Londres. Photographe de rock stars reconnue, Jill Furmanovsky, 41 ans, prend ses premiers clichés d’un nouveau groupe prometteur de Manchester. En plus de vingt ans de carrière, elle a déjà immortalisé Bob Dylan, Pink Floyd, les Sex Pistols, les Pretenders ou encore Blondie. Mais elle a un grand regret : n’avoir pas pu, pour des raisons évidentes de chronologie (elle est née en 1953), immortaliser les Beatles.

Le groupe qu’elle découvre fin 1994 s’appelle Oasis. « C’est un peu mes Beatles à moi, ils sont devenus ma passion, raconte-t-elle par téléphone. Leur humour, la puissance de leurs chansons, la ferveur du public… Les rencontrer à 40 ans passés m’a donné l’occasion de mettre à profit toutes les facettes de mon travail : le photojournalisme, le travail en studio, les portraits… »

Grande admiratrice de Diane Arbus, Richard Avedon ou d’Henri Cartier-Bresson, mais aussi du travail documentaire que l’Américain Alfred Wertheimer a mené durant deux ans sur la vie du jeune Elvis Presley, Jill Furmanovsky se réjouit de pouvoir photographier une fratrie. La couverture du recueil Oasis : Trying to Find a Way Out of Nowhere. 1994-2009/2025 – que la photographe publie chez Seghers le 25 septembre – présente d’ailleurs en vis-à-vis les deux visages des Gallagher.

Accords et désaccords

En 1997, Liam et Noel n’ont que 25 et 30 ans, mais Oasis, « le truc le plus dingue depuis l’invention du fromage en tranches » (dixit l’aîné), est au sommet de sa gloire. Noel, le compositeur génial qui réjouit les journalistes de ses saillies acides, a ses yeux clairs mi-clos, l’air impénétrable. Liam, le chanteur au style vocal et scénique inimitable, ne se départ jamais de son regard plein de défiance. Dès leurs débuts, la chronique de leurs relations tumultueuses fait la joie de la presse anglaise et, si les frères ennemis parviennent, bon an mal an, à s’entendre quinze ans durant, une ultime dispute, en coulisses du festival Rock en Seine, en août 2009, signe l’explosion du groupe.

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