Comme souvent à Dubaï (Emirats arabes unis), rendez-vous a été pris dans un mall, ces vastes centres commerciaux climatisés, où l’on vient faire ses courses, flâner, déjeuner, tout en échappant à la chaleur extérieure. Celui de Mirdif, une zone résidentielle de Dubaï, accueille une classe moyenne supérieure d’expatriés et de nationaux.
Mathieu (qui n’a pas souhaité donner son nom), un Français de 35 ans, y vit avec sa femme et leurs deux enfants de 4 ans et 5 ans. « Ça fait presque dix ans que je suis arrivé à Dubaï ; pour nous, c’est un bon compromis entre l’identité occidentale et la culture arabe et musulmane », explique le jeune cadre, souriant, assis dans un élégant salon de thé.
Rien ne prédestinait ce Toulousain, élevé dans une famille catholique, à faire sa vie dans l’émirat. C’est sa conversion à l’islam, en octobre 2011, alors qu’il est en deuxième année de prépa (économique et commerciale), qui a tout changé. Sa décision découlait de longs mois de réflexion et de recherche sur les religions. Elle n’a pas été facile à accepter par ses parents, par sa mère surtout, inquiète de cette conversion à un moment où les journaux parlaient tous de départs massifs de jeunes radicalisés en Syrie. Elle lui a surtout semblé difficile à vivre dans la société. « Jusque-là, je me disais que les musulmans se victimisaient. Mais quand je suis passé de l’autre côté de la barrière, je me suis pris une grosse claque », assure-t-il.
Diplômé de l’ISC Paris, une école de commerce, Mathieu décroche un premier boulot à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il se retrouve à faire ses prières sous les escaliers de sécurité du parking. Une expérience qui vient s’ajouter à ce qu’il vit comme des micro-agressions de tous les jours. « C’est un peu schizophrénique, on a l’impression de ne pas pouvoir être nous-mêmes. Je me suis dit : si je reste en France, je vais passer ma vie à me battre et je n’ai pas les épaules pour ça. »
Il vous reste 81.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.




