Olivier Faure n’est donc pas entré à Matignon. Emmanuel Macron a renommé, vendredi 10 octobre, Sébastien Lecornu, le démissionnaire de la semaine précédente, au poste de premier ministre. Pour la quatrième fois depuis les législatives de juillet 2024, la gauche, et a fortiori le Parti socialiste (PS), qui a réussi, ces dernières semaines, à imposer ses thèmes dans le débat public (taxe Zucman et autre suspension de la réforme des retraites), voit la fonction lui échapper.
La déception n’était pas feinte chez les nostalgiques de l’époque dorée du PS. Ecartés du pouvoir depuis 2017, beaucoup étaient prêts à y retourner, soucieux de ne pas faire mentir l’adage selon lequel « un parti de gouvernement gouverne », y compris dans des conditions hostiles et quitte à s’abîmer pour 2027, l’hôtel de Matignon menant rarement au palais de l’Elysée.
Comment le parti à la rose aurait-il fait mieux que les deux précédents premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, tous deux tombés sous la censure ? Et ce avec l’aventureuse promesse faite par Olivier Faure de renoncer en toutes circonstances à l’article 49, alinéa 3, de la Constitution, qui permet de faire adopter une loi sans vote ? Ainsi qu’à sa cohorte de systèmes de « blocage », comme l’article 40, qui empêche d’ajouter des dépenses publiques supplémentaires, ou l’article 45, qui interdit les « cavaliers législatifs », puisque c’était la demande faite par le PS à Sébastien Lecornu ?
En entendant la position du premier secrétaire du PS, un discret vent de panique a soufflé dans les rangs socialistes. Comment auraient-ils pu s’en sortir ? A l’Assemblée nationale, le PS, Les Ecologistes et le Parti communiste sont bien faibles, avec 124 députés seulement. Sur leur gauche, ils auraient été sous la pression constante de La France insoumise, prête à dégainer les procès en trahison à la moindre virgule modifiée du programme du Nouveau Front populaire (NFP). Derrière ses appels grandiloquents au respect du « vote des électeurs », Jean-Luc Mélenchon, en campagne perpétuelle, veut précipiter une élection présidentielle. Le temps presse : à 74 ans, c’est probablement son dernier tour de piste. Lui est prêt, contrairement à ses rivaux.
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