Au milieu des saules et des peupliers, le pont suspendu émerge soudain au bout de la route départementale. Avec ses longs haubans en acier rouillé et ses immenses pylônes en béton gris vieillissants, l’ouvrage donne à la scène des airs rétrofuturistes, un peu comme les paysages urbains recouverts de végétation de la série The Last of Us. En s’approchant au milieu du flot de voitures qui circulent, la fatigue de la structure saute aux yeux : câbles corrodés, fissures dans la masse d’ancrage, tiges d’acier oxydé apparentes sous le tablier…

Ce franchissement long de 360 mètres, qui surplombe les deux bras de la Loire en reliant deux petites communes (Bonny-sur-Loire et Beaulieu-sur-Loire, dans le Loiret), a été reconstruit après la seconde guerre mondiale. Depuis, il n’a bénéficié d’aucune rénovation et fait partie des 30 000 ouvrages considérés en « mauvais état structurel » par les autorités.

Dans cette portion de 50 kilomètres du fleuve, quatre structures suspendues sont de la même signature architecturale des années 1950 – « remarquables », comme le label qui les distingue, mais anciennes et fragiles. Edifiées dans la période du béton et de l’acier triomphants, elles ont subi l’usure du temps comme les intempéries, de plus en plus fréquentes avec le changement climatique. « En 2017, le Centre public d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement [Cerema] nous a alertés sur la mauvaise qualité des aciers des ponts de Châtillon-sur-Loire et de Bonny-sur-Loire. On a accru la surveillance de celui de Bonny », explique Sylvain Déjardin, responsable du service études et travaux de la direction des infrastructures du département. En 2021 pourtant, nouvelle alerte du Cerema sur l’état de la structure : des câbles se sont brisés. Un dispositif acoustique pour repérer les ruptures des fils d’acier est installé en urgence et la circulation interdite aux poids lourds.

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