
Quatre personnes enlevées il y a plusieurs mois pour combattre de force des djihadistes au Burkina Faso, après avoir tenu des propos critiques envers le régime militaire, ont été libérées au cours de la semaine dernière, ont fait savoir leurs proches ainsi qu’une source sécuritaire, mardi 15 juillet à l’Agence France-Presse (AFP).
La junte militaire dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022, utilise de manière abusive un décret de mobilisation générale dans le cadre de la lutte antidjihadiste pour réprimer les voix discordantes, réquisitionnées pour aller combattre au front.
Entre jeudi et dimanche, quatre personnes réquisitionnées de force et enlevées depuis plusieurs mois pour avoir tenu des propos critiques envers la junte ont recouvré la liberté. Parmi elles, le chroniqueur Kalifara Seré, qui n’avait plus donné de signe de vie depuis son enlèvement en juin 2024 à Ouagadougou par des hommes « encagoulés, armés » et « habillés en civil », est « effectivement libre depuis le week-end dernier », a déclaré à l’AFP un proche de sa famille. « Il se porte bien et prend du temps d’abord pour lui-même et pour sa famille », a-t-il précisé.
Cet ancien haut fonctionnaire, devenu chroniqueur réputé sur la télévision privée BF1, avait remis en cause la véracité des images du chef de l’État donnant son sang deux jours après un incident de tir d’obus près du palais présidentiel de Ouagadougou.
« Complot »
Benoît Bassolé, le neveu de Djibril Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères de l’ex-président Blaise Compaoré, a aussi retrouvé la liberté entre samedi et dimanche. Il avait été enlevé en septembre 2024, au moment où Djibril Bassolé, qui vit en exil en France, était accusé d’un complot contre le régime militaire.
Marcel Imané, un professeur d’allemand, enlevé fin mars par des « individus non identifiés » à Dissin, dans le sud-ouest du pays, pour avoir critiqué la situation sécuritaire, a été libéré le 10 juillet, selon ses proches. James Yazid Dembélé, leader de la société civile, a également été libéré samedi alors que les rumeurs sur sa mort suite à des tortures sévères devenaient virales.
Il avait été enlevé en janvier 2024 à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, après une course-poursuite avec des hommes encagoulés, accusé d’avoir fait fuiter un enregistrement audio d’une rencontre entre des représentants de la société civile et le chef du renseignement burkinabé. Une source sécuritaire a confirmé à l’AFP leur libération, évoquant la « fin de leur réquisition. »
Plusieurs autres journalistes et activistes de la société civile demeurent « réquisitionnés » par la junte suite à des propos critiques. Des dizaines d’officiers militaires, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, ont aussi été arrêtés, tous accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».