Sébastien Lecornu à l’Assemblée nationale, à Paris, le 4 novembre 2025.

Le projet de budget de la Sécu (PLFSS) revient en séance mardi à l’Assemblée nationale pour une nouvelle lecture décisive. Un premier vote sur la partie « recettes » est attendu dans la semaine, et le vote sur l’ensemble du texte, le 9 décembre. Mais, dès lundi 1er décembre, Sébastien Lecornu sera à la manœuvre pour tenter d’arracher un compromis.

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A partir de la mi-journée, le premier ministre doit rencontrer successivement les responsables du Parti socialiste (PS) et du Parti communiste français (PCF) à Matignon. Il rencontrera les représentants des Ecologistes mardi, et ceux du Rassemblement national mercredi, après avoir vu ceux du groupe LIOT et des Républicains (LR) la semaine dernière. M. Lecornu, qui assistera à la discussion générale sur le budget de la Sécu mardi, a par ailleurs prévu des rencontres avec plusieurs organisations patronales et syndicales (le Medef, la CFDT, FO) et échangera avec des parlementaires sur la défense ou l’énergie, thèmes-clés du budget de l’Etat.

Lettre aux entrepreneurs

Lundi, il a adressé une lettre aux entrepreneurs dans laquelle il rappelle qu’« aujourd’hui, l’urgence est simple : avoir un budget ». Il y évoque « un moment de clarification nationale », où chacun « devra dire où il se situe : avec ceux qui veulent faire tenir le pays, ou avec ceux qui préfèrent le voir vaciller ». Dans cette lettre, il défend la « vitalité démocratique » selon lui à l’œuvre depuis la dissolution de 2024 qui n’a pas donné de majorité claire. Il explique à propos du budget que « celui-ci ne reflétera pas mes convictions. Il est d’ailleurs bien possible qu’il ne reflétera complètement les convictions de personne. Mais ce budget de compromis issu du Parlement sera la condition pour que la France continue de se tenir à vos côtés ».

Le PLFSS qui revient à l’Assemblée est la version transmise par le Sénat, assez éloignée de celle des députés, puisque les sénateurs en ont rejeté la mesure phare, la suspension de la réforme des retraites, et qu’ils ont écarté une piste de recettes arrachée de haute lutte par les socialistes, à savoir la hausse de la CSG sur les revenus du capital.

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Samedi, la commission des affaires sociales a rejeté le projet de budget, LR votant contre, tandis que le PS s’est abstenu. « On est assez loin d’un accord », a convenu le président de la commission, Frédéric Valletoux, dont le groupe, Horizons, devrait hésiter en séance entre vote contre et abstention. Le vote de la commission ne préjuge pas forcément de la suite, mais il témoigne de l’étroitesse du chemin, avec un PS frileux et un « socle commun » timoré.

Alors que tout indique que La France insoumise et l’alliance Rassemblement nationale-Union des droites pour la République voteront contre, il faudrait, pour que ce budget soit adopté, que les groupes de la coalition gouvernementale l’approuvent, et qu’au minimum le PS et les Ecologistes s’abstiennent. Ou bien que le PS vote pour, alors que les Ecologistes semblent de plus en plus tentés de voter contre ce texte.

Les priorités du Parti socialiste

Lundi, les socialistes vont redire au premier ministre leurs priorités : « défendre le pouvoir d’achat et les services publics, par la contribution des plus fortunés », a expliqué le président du groupe des députés PS, Boris Vallaud, au Parisien samedi. Egalement sur la table : le sujet des franchises médicales, dont le gouvernement souhaite le doublement, à rebours de la gauche, et les exonérations de cotisations sociales, dont le PS souhaite la réduction « plutôt que de mettre à contribution les hauts patrimoines ». Les responsables PS viendront aussi, selon M. Vallaud, avec un message politique, pour demander à M. Lecornu s’il est « effectivement le chef de cette majorité », alors qu’ils constatent « une grande dispersion » entre les quatre groupes censés soutenir le gouvernement, « notamment LR et Horizons ».

De fait, LR montre peu d’empressement à soutenir le texte : « A l’heure où je vous parle (…) j’ai très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale », a ainis déclaré le rapporteur général du budget de l’Etat, Philippe Juvin (LR).

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Le gouvernement est décidé à obtenir un vote sur le budget, mais la petite musique du 49.3 commence à se faire de plus en plus insistante, au PS comme chez LR. L’utilisation de cette arme constitutionnelle, abandonnée par M. Lecornu à la demande du PS, permettrait au gouvernement de faire adopter son texte sans que le PS ni LR ne soient obligés de le voter.

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Le Monde avec AFP

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