
L’histoire remonte à l’après-mai 1981. La gauche vient d’arriver au pouvoir. Un impôt sur les grandes fortunes (IGF) se profile, au nom de la justice fiscale. Vent d’inquiétude parmi les très riches particuliers, au premier rang desquels Liliane Bettencourt. La femme la plus fortunée au monde a décidé de ne pas quitter la France, mais ne veut pas payer le nouvel impôt pour autant. Heureusement pour elle, « Mme L’Oréal » dispose de puissants relais. Son mari, André Bettencourt, et le directeur de L’Oréal, François Dalle, sont de vieux amis de François Mitterrand. Un déjeuner est organisé.
« Liliane et André ne se sont pas expatriés après l’arrivée de la gauche au pouvoir, mais si l’IGF est appliqué… », glisse François Dalle au nouveau président de la République. Cet impôt serait « catastrophique », ajoute André Bettencourt. « Franchement, Liliane et toi, vous avez quand même de quoi manger », sourit Mitterrand. Puis il concède : « J’en parlerai » aux ministres concernés, rapporte la journaliste Marie-France Etchegoin dans Un milliard de secrets (Robert Laffont, 2011). C’est ainsi qu’une modification majeure est introduite dans le projet de loi, l’exonération de l’« outil de travail ». Liliane Bettencourt n’aura pas à payer d’IGF sur ses actions L’Oréal, le cœur de sa fortune. Ses actions héritées de son père seront considérées comme son « outil de travail », au même titre que l’établi d’un artisan ou le four d’un boulanger. Les grands patrons respirent…
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