Le rapporteur général de la commission des finances, Philippe Juvin, et son président, Eric Coquerel, à l’Assemblée nationale, le 21 octobre 2025.

La commission des finances de l’Assemblée nationale a retoqué une mesure visant à supprimer un avantage fiscal pour les retraités censée générer d’importantes économies, en poursuivant, mardi 21 octobre au matin, l’examen du projet de budget 2026.

C’est l’un des points les plus irritants du projet de loi de finances (PLF), examiné depuis lundi en commission : le remplacement de l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les retraités sur leur pension par un forfait de 2 000 euros.

Cette mesure aurait pour effet de réduire légèrement l’impôt sur le revenu de certains retraités les plus modestes, et d’augmenter celui des autres.

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Mais elle a provoqué une levée de boucliers au sein de la commission des finances, où la majorité des groupes se sont prononcés contre, de La France insoumise (LFI) au Rassemblement national, en passant par les socialistes et Les Républicains (LR). Leur vote devra encore être confirmé dans l’Hémicycle à partir de vendredi.

Le député Corentin Le Fur (LR) a dénoncé « l’acharnement » contre les retraités, rappelant qu’ils sont déjà largement mis à contribution avec le gel de leur pension prévu dans le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), dont l’examen en commission commence jeudi.

L’élue Claire Lejeune (LFI) a fustigé « l’indignité d’un budget », qui en « refusant d’aller taxer les plus riches » en est réduit à « aller taper sur les retraites ». Pour le socialiste Philippe Brun, c’est en vertu de l’égalité devant l’impôt que son groupe y est opposé, alors que les salariés bénéficient d’un tel abattement sur leurs revenus imposables.

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Un abattement fiscal qui divise profondément

Tout en reconnaissant plusieurs limites à cette mesure (qui avantagerait par exemple davantage les retraités en couple par rapport aux retraités isolés), le rapporteur général du budget Philippe Juvin (LR) a rappelé que l’abattement de 10 % coûte 5,3 milliards d’euros par an à l’Etat.

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Les députés écologistes ont préféré s’abstenir, et proposeront, comme M. Juvin, une nouvelle écriture lors de l’examen du projet de budget dans l’Hémicycle, avec pour objectif d’épargner davantage les retraités modestes.

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Seul à défendre la mesure au sein de la commission, le député et ancien ministre macroniste, Guillaume Kasbarian, a mis en avant les nombreux avantages fiscaux auxquels ont déjà droit les retraités, rappelant qu’ils ont un taux d’épargne record en France. L’élu a dénoncé une « classe politique », qui « par pur électoralisme », « refuse de toucher au moindre sujet qui concerne les retraités ».

Plus tôt dans la matinée, les députés s’étaient déjà opposés à la suppression d’autres avantages fiscaux, ceux concernant par exemple deux biocarburants : le Superéthanol E85 et le B100 (biogazole à base de colza).

Les débats, qui avancent à vive allure alors que les députés sont sous la pression des délais constitutionnels, se poursuivent jusqu’à mercredi soir en commission. Ils sont un tour de chauffe avant l’examen du texte dans l’Hémicycle à partir de vendredi, en présence du premier ministre, Sébastien Lecornu. Les députés repartiront alors de la copie initiale du gouvernement.

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Le Monde avec AFP

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