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Bruno Retailleau nommé une troisième fois à l’intérieur

Si l’Hôtel de Matignon voit ses locataires se succéder depuis la dissolution de l’Assemblée, la Place Beauvau, elle, ne change pas d’occupant. Sébastien Lecornu a confirmé Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur, où il avait été nommé par Michel Barnier en septembre 2024 puis par François Bayrou en décembre 2024.

En treize mois, Bruno Retailleau a gagné en popularité et imprimé sa marque à l’intérieur, multipliant déplacements, communications et prises de position.

La reconduction à l’intérieur du président du parti Les Républicains (LR) n’allait cependant pas de soi. M. Retailleau avait estimé jeudi à l’issue d’un rendez-vous à Matignon qu’« à ce stade, la participation de la droite au gouvernement n’[était] pas acquise du tout ». Mais, à l’issue d’une réunion de parti, les parlementaires LR ont très largement opté pour une « participation exigeante » au gouvernement, malgré l’avis contraire initial du chef des députés du parti, Laurent Wauquiez. Le président du parti, Bruno Retailleau, a, pendant la semaine, augmenté la pression sur Sébastien Lecornu pour obtenir des concessions notamment sur l’immigration et la réduction de la dépense publique.

Pierre Jouvet, secrétaire général du PS déplore « un gouvernement qui est la fin d’un macronisme à l’agonie »

Interrogé sur BFM-TV, Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti socialiste, déclare qu’« il faut que tout change pour que rien ne change et rien ne change : ni dans les têtes, comme, malheureusement a priori, pas dans la politique ». « Et donc on voit un gouvernement qui est la fin d’un macronisme à l’agonie dans ce pays, qui veut se maintenir au pouvoir coûte que coûte, qui se répartit postes et responsabilités, sans vouloir prendre en compte ce qui se passe », diagnostique-t-il avant de regretter qu’« on met[te] les mêmes ministres depuis des années (…), on les fait changer de postes et de maroquins ministériels ». Puis de prévenir que « sans changement de politique, il y aura une censure des socialistes dès la semaine prochaine ».

Sébastien Lecornu demande à ses ministres de « trouver des compromis avec l’ensemble des parlementaires »

Le chef du gouvernement dont la composition vient d’être annoncée, Sébastien Lecornu, a demandé à ses ministres nommés d’être « des négociateurs » et de « trouver des compromis avec l’ensemble des parlementaires », selon son entourage auprès de l’Agence France-Presse (AFP), alors qu’il est privé de majorité à l’Assemblée nationale et menacé de censure par les oppositions.

Ce gouvernement « ressemble au socle commun » de la droite et du centre de la précédente coalition gouvernementale et « allie la stabilité », car « certains acteurs et administrations ont besoin de continuité », et le « renouvellement, puisque sur les ministres nommés ce jour un tiers » d’entre deux « n’appartenaient pas au gouvernement précédent », fait valoir M. Lecornu par son entourage à l’AFP. Son premier objectif sera de faire adopter un budget pour la France avant la fin de l’année et de « piloter quelques grands chantiers d’intérêts nationaux pour nos concitoyens », a ajouté la même source.

Marina Ferrari, ancienne ministre déléguée au tourisme, arrive aux sports

Marina Ferrari, 51 ans, députée (MoDem) de Savoie, arrive au ministère des sports, où elle remplace Marie Barsacq, 52 ans, qui avait intégré le gouvernement Bayrou après avoir été directrice de l’impact et de l’héritage du comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Issue de la société civile, cette dernière paye sans doute son manque de poids politique.

Dès sa prise de fonction, Mme Barsacq avait dû endosser, malgré elle, la politique de rigueur budgétaire du gouvernement, qui n’a pas épargné les sports, avec près de 300 millions d’euros de coupes. La baisse de 40 millions d’euros des crédits affectés au Pass’Sport – un dispositif d’aide à l’accès au sport – , décidée peu avant l’été, a montré les difficultés de cette juriste de formation à remporter des arbitrages ministériels. Le projet de budget de François Bayrou prévoyait une nouvelle baisse de 18 % des crédits alloués au sport.

A son actif, Mme Barsacq a su, au cours de ses neuf mois Avenue de France, à Paris, se montrer convaincante sur les questions sociétales, notamment en matière de parité ou de défense des droits des personnes en situation de handicap. Sur la question du port du voile dans le sport, elle s’est illustrée en tenant tête, à la fin de l’hiver, au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, fidèle à sa ligne dure en matière de laïcité.

Forte de son expérience au sein de Paris 2024, l’ancienne directrice générale adjointe de la Fédération française de football semblait armée pour piloter le dossier éminemment politique de l’organisation des Jeux d’hiver dans les Alpes françaises en 2030. Bien que Mme Barsac se soit montrée de plus en plus à son aise dans les habits ministériels, Sébastien Lecornu lui a préféré Marina Ferrari, membre des gouvernements Attal et Barnier, respectivement secrétaire d’Etat chargée du numérique et ministre déléguée chargée de l’économie et du tourisme.

Gérald Darmanin confirmé à la justice

Gérald Darmanin, nommé ministre de la justice par François Bayrou en décembre 2024, a été – sans surprise – confirmé à son poste. M. Darmanin avait lui-même fait part de son souhait de rester Place Vendôme au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu, dont il est un proche ami.

« Je trouve que nous avons fait des choses utiles pour la nation » pendant ces neuf mois, avait-il déclaré sur RTL le 10 septembre. Au ministère de la justice, Gérald Darmanin a notamment pour objectif de « faire quatre [nouvelles] prisons » de haute sécurité, sur le modèle de celle de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où ont été affectés les narcotrafiquants réputés les plus dangereux.

Sur Le Monde aujourd’hui

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Jean-Noël Barrot rempile au Quai d’Orsay

Jean-Noël Barrot, nommé ministre des affaires étrangères par Michel Barnier en septembre 2024, puis par François Bayrou en décembre de la même année, est reconduit au Quai d’Orsay dans le gouvernement Lecornu.

L’exécutif fait ainsi le choix de la continuité à ce poste sensible, alors que les dossiers brûlants ne manquent pas et qu’Emmanuel Macron demeure très présent sur la scène internationale.

M. Barrot, 42 ans, est le troisième ministre des affaires étrangères du deuxième mandat d’Emmanuel Macron, après Catherine Colonna (mai 2022-janvier 2024) et Stéphane Séjourné (janvier à septembre 2024).

Eric Coquerel (LFI) fustige un « gouvernement de perdants » et appelle à une élection présidentielle anticipée

Le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et député de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, décrit un « gouvernement Bayrou, sans Bayrou, encore un peu plus à droite pour imposer la même politique », sur BFM-TV. « Dans quelle démocratie sommes-nous pour qu’un an après juillet 2024 [les élections législatives consécutives à la dissolution de l’Assemblée] ce [soient] toujours des gouvernements de perdants qu’on nous impose pour imposer une politique qui a perdu ? »

Puis il a avancé que le gouvernement Lecornu « va tenter de chercher sa voie de sortie du côté du Rassembléement national » tout en espérant qu’il sera censuré. Et de souhaiter une élection présidentielle anticipée. « Si on veut sortir de ce chaos et de cette instabilité, c’est au niveau de la présidentielle que la question est posée », a-t-il fait valoir.

Pour Jean-Luc Mélenchon, leader des « insoumis », le gouvernement de Sébastien Lecornu est un « cortège de revenants à 80 % de LR et anciens LR » et s’est dit convaincu, sur X, qu’il « ne tiendra pas », fustigeant « le gavage d’une oligarchie parasite du pays. Le compte à rebours pour les chasser tous est commencé », a-t-il promis.

Jordan Bardella menace le nouveau gouvernement de censure

Sur X, le président du Rassemblement national (RN) écrit : « Nous l’avions dit clairement au premier ministre : c’est la rupture ou la censure. Le gouvernement annoncé ce soir, composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse, a décidément tout de la continuité, absolument rien de la rupture que les Français attendent. »

« Le choix de ce gouvernement à l’identique, assaisonné de l’homme qui a mis la France en faillite, est pathétique », a réagi pour sa part la leader du parti d’extrême droite Marine Le Pen, dans une allusion au locataire de Bercy, Bruno Le Maire, nommé aux armées. « Les bras nous en tombent… », a-t-elle ajouté, sans pour autant dévoiler ses intentions sur une éventuelle censure à l’Assemblée nationale. Vendredi, sortant de Matignon, elle avait menacé Sébastien Lecornu de chute : « Ce discours [de politique générale à venir, mardi] (…) devra être beaucoup plus clair que ce que j’ai pu entendre ce matin [vendredi 3 octobre] pour convaincre le RN de participer, à tout le moins, aux travaux du budget », conditionnant le sursis accordé au premier ministre à une « rupture avec le macronisme ».

Leur allié Eric Ciotti a estimé que « ce gouvernement est un bras d’honneur aux Français », déplorant aussi « le retour de l’homme aux 1 000 milliards de dette », en faisant référence à Bruno Le Maire. « Le dernier quarteron du macronisme est tout sauf la rupture demandée par les Français. Cette provocation ne sera pas sans conséquence », a-t-il lancé sur X, semblant agiter aussi la menace de censure.

Bruno Le Maire : « Je viens pour servir les Français »

L’ancien ministre de l’économie et nouveau ministre des armées, Bruno Le Maire, a commenté son retour au gouvernement dans un message publié sur X, dimanche soir. « Dans les circonstances exceptionnelles que traverse la France, on ne se dérobe pas. J’ai donc accepté la proposition du président de la République et du premier ministre de diriger le ministère des armées et des anciens combattants », écrit M. Le Maire.

« Je viens pour servir les Français. Je viens pour servir nos soldats. Je le ferai avec la passion et la détermination qui m’ont toujours guidé dans mon engagement public, notamment dans mes fonctions de conseiller aux affaires stratégiques et de secrétaire d’Etat aux affaires européennes », poursuit-il. Bruno Le Maire est resté à la tête de Bercy du début du premier mandat d’Emmanuel Macron à la nomination de Michel Barnier à Matignon, en septembre 2024.

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Le premier conseil des ministres du gouvernement Lecornu aura lieu lundi

Après avoir annoncé la composition du gouvernement, le secrétaire général de l’Elysée, Emmanuel Moulin, a déclaré que le président de la République, Emmanuel Macron, réunirait le gouvernement Lecornu lundi à 16 heures pour un premier conseil des ministres.

Les ministres nommés dimanche soir

Le nom des nouveaux entrants sont en gras dans le texte :

  • Elisabeth Borne, ministre d’Etat, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
  • Manuel Valls, ministre d’Etat, ministre des outre-mer ;
  • Gérald Darmanin, ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la justice ;
  • Bruno Retailleau, ministre d’Etat, ministre de l’intérieur ;
  • Bruno Le Maire, ministre d’Etat, ministre des armées et des anciens combattants ;
  • Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles de l’autonomie et des personnes handicapées ;
  • Roland Lescure, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et énergétique ;
  • Rachida Dati, ministre de la culture ;
  • Eric Woerth, ministre de l’aménagement du territoire, de la décentralisation et du logement ;
  • Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères ;
  • Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche ;
  • Annie Genevard, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire ;
  • Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics ;
  • Naïma Moutchou, ministre de la transformation et de l’action publique, de l’intelligence artificielle et du numérique ;
  • Philippe Tabarot, ministre des transports
  • Marina Ferrari, ministre des sports, de la jeunesse et de la vie assiociative ;
  • Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du premier ministre chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, porte-parole du gouvernement ;
  • Mathieu Lefèvre, ministre délégué auprès du premier ministre, chargé des relations avec le Parlement.

Jean-Noël Barrot reste au Quai d’Orsay, Agnès Pannier-Runacher reconduite à la transition écologique et Annie Genevard à l’agriculture

Eric Woerth fait son entrée au gouvernement comme ministre de l’aménagement du territoire, de la décentralisation et du logement

Roland Lescure est nommé ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et énergétique, succédant à Eric Lombard

Rachida Dati reconduite ministre de la culture et Manuel Valls au ministère des outre-mer

Catherine Vautrin conserve le ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées

Bruno Le Maire nommé ministre des armées et des anciens combattants

Gérald Darmanin reste garde des sceaux ; Bruno Retailleau demeure au ministère de l’intérieur

Elisabeth Borne reconduite à l’éducation nationale, à l’enseignement supérieur et à la recherche

Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Elysée, prend la parole

Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Elysée, lors de l’annonce du gouvernement Lecornu, à Paris, dimanche 5 octobre 2025.
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