Selon le célèbre adage, mieux vaut apprendre à un homme (et sans doute aussi à une femme) à pêcher, il mangera toujours à sa faim, plutôt que de lui donner du poisson. Depuis sa création en janvier 2013, Bpifrance s’évertue à faire les deux. La banque publique nourrit la « Start-up Nation », en même temps qu’elle l’aide à bâtir un réservoir grouillant de capitaux privés, l’objectif étant de minimiser l’apport du contribuable. La question est de savoir si cette stratégie a fonctionné.

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Selon une étude présentée, jeudi 22 mai, par la banque publique, cette dernière a investi, entre 2013 et 2023, 4,6 milliards d’euros, directement au capital de 500 jeunes pousses françaises. En parallèle, elle a souscrit 5,9 milliards d’euros dans près de 180 fonds privés de capital-risque tricolores. Des sommes massives, mais comme le marché français a grossi, le poids de Bpifrance a baissé selon ses propres calculs, passant de 17 % en 2013 à 11 % en 2023.

Ces chiffres, toutefois, minimisent l’influence majeure acquise par la banque dirigée par Nicolas Dufourcq dans l’« écosystème ». Entre 2013 et 2021, « près de 80 % des start-up ayant levé des fonds ont bénéficié d’un soutien direct ou indirect de Bpifrance (aide à l’innovation, investissement direct, fonds de fonds) », précise l’étude. De même, « près des deux tiers des fonds de capital-risque français ayant levé auprès d’acteurs institutionnels » ont été souscrits par la banque publique.

Incontournable

Bpifrance est devenue incontournable. Peut-être trop ? Si sa présence dans un dossier rassure et permet d’attirer des financeurs privés, son absence inquiète. Comme c’est elle qui, par ailleurs, distribue les aides à l’innovation pour le compte de l’Etat, Bpifrance peut se retrouver, malgré elle, dépositaire d’une sorte de droit de vie ou de mort sur certaines start-up.

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Lormauto, une entreprise normande qui convertissait des Twingo thermiques en électrique, placée mercredi 21 mai en liquidation judiciaire, accuse la banque publique d’avoir bloqué une subvention vitale, promise dans le cadre de France 2030. Son cofondateur Sébastien Rolo dénonce sur LinkedIn « un système où l’ambition politique est contredite, à huis clos, par ceux chargés de la mettre en œuvre ».

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