Les investisseurs, longtemps restés à distance du secteur de la défense, n’ont pas résisté aux dotations budgétaires annoncées depuis le début de l’année : plan « Réarmer l’Europe » à 800 milliards d’euros, programme d’infrastructures allemand de 500 millions d’euros, accord des membres de l’OTAN pour porter leurs budgets de défense à 3,5 % d’ici à 2035, sans compter 1,5 % supplémentaire pour les infrastructures.

En Bourse, les valeurs se sont envolées. Au 5 août, le titre du fabricant allemand d’équipements de combat et de véhicules blindés Rheinmetall inscrit une hausse de 188 % depuis le 1er janvier. Son compatriote Hensoldt gagne 172 %, l’italien Leonardo 85 %, les français Exosens et Thales, 121 % et 71 %. Mais la pause observée durant ces dernières semaines annoncerait-elle la fin de la fête ?

Les ETF, une arme à double tranchant

La ruée a été massive : 8,7 milliards d’euros se sont déversés sur les fonds de gestion collective étiquetés « défense » durant les sept premiers mois de l’année, selon le fournisseur de données Morningstar. Les ETF (Exchange Traded Funds, fonds indiciels aussi appelés « trackers ») ont accaparé la collecte et représentent désormais près de 12 milliards sur un encours total de 12,9 milliards d’euros en Europe (à fin juillet).

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Cependant, l’ampleur du mouvement de ces produits traduit des comportements moutonniers, pour ne pas dire spéculatifs, et fragilise l’édifice en nourrissant le tir sur un petit nombre de valeurs. Le tracker WisdomTree Europe Defence, mastodonte de 3 milliards d’euros, concentre 87 % de ses investissements sur les 10 premières valeurs européennes. En conséquence, tout reflux des ETF pourrait provoquer des replis indifférenciés des grands noms du secteur.

Selon Yann Cordier, gérant chez Swiss Life Gestion Privée, les acheteurs restent à l’affût : « Depuis le mois d’avril, le moindre repli est mis à profit par les investisseurs. C’est un ramassage méthodique », constate-t-il. Cependant, la dynamique marque le pas. « Paradoxalement, la hausse des valeurs de la défense s’est interrompue à partir du 13 juin, jour de l’attaque d’Israël contre l’Iran. Il s’agissait pour nous d’un premier signe précurseur d’une pause à court terme », explique Thierry Bénistant, responsable du comité d’investissement de Portzamparc (groupe BNP Paribas), qui observe que « d’autres thématiques ont pris le relais depuis le début de l’été, telles que l’électrification et les infrastructures. Nous conservons toutefois une vision positive pour la fin de l’année au regard des plans d’investissements majeurs annoncés ».

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