Assez.

Assez de prudence diplomatique, assez de chuchotements dans les couloirs des chancelleries, assez de mises en garde sur le caractère ombrageux des dirigeants algériens qu’il ne faudrait surtout pas braquer, assez de lâchetés camouflées sous les rodomontades, assez de « oui, mais », assez de défilements, assez d’hypocrisie.

Un écrivain français de 80 ans, gravement malade, est soumis depuis plus de deux mois à la torture de l’isolement total dans une prison algérienne. Son avocat français ne peut pas lui rendre visite, faute de visa. Boualem Sansal est utilisé avec cynisme et cruauté par des dirigeants qui veulent faire payer à la France des différends qui n’ont rien à voir avec lui, ni avec son œuvre.

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Je suis, chez Gallimard, l’éditeur de Boualem Sansal depuis que j’ai eu entre les mains, en 1999, son premier manuscrit, Le Serment des barbares, qui m’a enthousiasmé. Notre dialogue, depuis, a été incessant, jusqu’au 16 novembre 2024, où il a été arrêté à son arrivée à Alger. J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et pour son histoire, et ce n’est certes pas contre lui que je m’élève aujourd’hui.

Ne pas accepter une situation aussi insultante

Simplement l’embastillement de Boualem, coupable d’avoir écrit et parlé en homme libre, m’indigne. Prisonnier d’opinion, il reste enfermé au mépris des droits de la défense, des règles internationales et des simples lois d’humanité. La protection consulaire lui a été arbitrairement refusée, et l’on peut douter de la qualité des soins qui lui sont prodigués, alors que les dirigeants de l’Algérie et leurs familles ont la prudence de se faire soigner à l’étranger, avec une nette prédilection pour le système hospitalier français.

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Vous qui gouvernez la France, comment pouvez-vous supporter une situation aussi insultante, une telle atteinte aux droits d’un citoyen français, qui est par ailleurs une des grandes voix de notre littérature ? Vous pouvez trouver les moyens de contraindre les geôliers de Sansal à le libérer sans délai.

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