« On enfile le vêtement et tac ! » Toujours la même scène inaugurale. Dans la pièce aux murs dépouillés, la séance d’essayage rassemble un cinéaste, un acteur ou une actrice, Pascaline Chavanne et son équipe. « C’est à chaque fois l’un de mes moments préférés, sourit-elle. On cherche, on essaie, et tout à coup, on voit le personnage apparaître. » Depuis Julie est amoureuse (1998), de Vincent Dietschy, la magie opère, de film en film.
A 57 ans, la costumière Pascaline Chavanne a supervisé le vestiaire des personnages de plus de 70 longs-métrages, signés François Ozon, Christophe Honoré, Leos Carax, André Téchiné, Emmanuelle Bercot, Joachim Lafosse, Hirokazu Kore-eda… Dix lui ont valu d’être nommée aux Césars et deux – Renoir (2013), de Gilles Bourdos, et J’accuse (2019), de Roman Polanski – de décrocher la compression métallique.
Deux films d’époque, un genre qui fait toujours forte impression auprès des votants, et un art qu’elle maîtrise. Coup sur coup, en ce mois d’octobre, sortent deux productions pour lesquelles elle a œuvré et dont les intrigues sont ancrées respectivement au début des années 1940 et en 1959.
Absence de couleurs
Dans L’Etranger, de François Ozon, en salle le 29 octobre, elle a imaginé la garde-robe de l’indéchiffrable héros camusien Meursault (joué par Benjamin Voisin) et des autres personnages, cinquante-huit ans après Piero Tosi, qui avait fait de même en 1967 pour l’adaptation de Luchino Visconti, dont il était le costumier fétiche. Dans Nouvelle Vague, de Richard Linklater, bulle cinéphilique pensée comme le making of du tournage d’A bout de souffle (1960), de Jean-Luc Godard, en salle le 8 octobre, elle a habillé la clique très masculine du 7e art français de l’époque – Godard (Guillaume Marbeck), Truffaut, Chabrol, Rivette, Belmondo… –, et ranimé le vestiaire de Jean Seberg (Zoey Deutch).
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