Marion Cotillard (Cristina-la Reine) dans « La Tour de glace », de Lucile Hadzihalilovic.

L’AVIS DU « MONDE » – CHEF-D’ŒUVRE

Tour de grâce. Jouons avec les mots pour exprimer le bonheur visuel que procure le quatrième long-métrage de Lucile Hadzihalilovic, réalisatrice française et orfèvre de l’image, née en 1961 à Lyon. Chacun de ses films s’apparente à un conte délicatement empoisonné : fillettes se cognant aux murs d’un enfermement (Innocence, 2004) ; gamine à la mâchoire de cristal, contrainte par l’appareil dentaire (Earwig, 2023) ; femmes infirmières s’adonnant à d’étranges soins sur des garçons (Evolution, 2015). Peu d’hommes tirent les ficelles, dans ces œuvres à l’interstice du rêve et de l’inconscient. A chaque fois, des plans inoubliables, comme cette vision d’une enfant sortant d’un cercueil, comme si elle (re)venait à la vie, dans Innocence.

Artiste à la douceur radicale, à laquelle La Cinémathèque française, à Paris, consacre une rétrospective du 15 au 21 septembre, Lucile Hadzihalilovic a reçu à la Berlinale l’Ours d’argent de la meilleure contribution artistique pour La Tour de glace. Librement inspiré par La Reine des neiges, d’Andersen, le récit met en scène deux héroïnes, en miroir l’une de l’autre : une adolescente (Clara Pacini) fascinée par le personnage immortel du conte, et une star de cinéma (Marion Cotillard) incarnant la Reine, aux tenues immaculées. Quittant les sentiers des films grand public auxquels elle nous avait habitués, Marion Cotillard se voit ici sublimée dans un décor de fausses montagnes qui semblent scintiller de sucre glace.

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