C’est le nouveau chant de la discorde dans l’industrie musicale. Et ils sont de plus en plus nombreux à l’entonner. Dans un entretien au Sunday Times, dimanche 13 octobre, le musicien britannique Robert Smith a expliqué sans détour tout le mal qu’il pensait de la tarification dynamique des places de concerts. Et par extension des artistes tentés par cette pratique commerciale. Pour le leader du groupe The Cure, ce système qui consiste à proposer une partie des billets de spectacle à des prix variables, en fonction de l’offre et de la demande, source d’une énorme inflation des tarifs, n’est ni plus ni moins qu’une « arnaque », motivée par « l’avidité ».

« La plupart des artistes se cachent derrière leur management », ajoute Robert Smith, dont le groupe, sur le point de sortir un nouvel album et de partir sur les routes en 2025, refuse cette pratique. « “Oh, on ne savait pas”, disent-ils. Mais ils savent. S’ils disent le contraire, c’est soit des putain d’idiots soit des menteurs. » Un mois plus tôt, Nicola Sirkis, d’Indochine, se mettait au diapason en s’en prenant à ces producteurs de spectacles « là pour gagner beaucoup, beaucoup d’argent » et aux artistes qui laissent tout le pouvoir de fixer les prix à ces mêmes producteurs.

Tout est parti du chaos vécu par les fans lors de l’ouverture de la billetterie pour la tournée de reformation d’Oasis au Royaume-Uni. Outre la demande phénoménale qui a saturé le réseau du vendeur en ligne Ticketmaster, l’envolée des prix des billets et l’opacité de la tarification ont suscité la colère et l’émoi jusqu’au gouvernement britannique. Face au tollé, les frères Gallagher réconciliés se sont retranchés derrière leur management, expliquant ne pas avoir été au courant de l’usage de la tarification dynamique. Ils ont annoncé dans la foulée qu’ils n’utiliseraient pas ce système pour leur tournée américaine. Quelques semaines plus tard, les vétérans du metal Iron Maiden se fendaient d’un communiqué similaire pour rassurer le public de leurs prochains concerts.

Ne pas s’y tromper

Comme dans l’hôtellerie, les transports, l’e-commerce ou le sport, où elle est la norme de longue date, la flexibilité des prix se généralise dans l’univers du live. De Taylor Swift à Bruce Springsteen en passant par Dua Lipa ou Green Day, la plupart des grands artistes internationaux et leurs producteurs y ont recours au moment de partir en tournée. Il y a d’une part la volonté, louable, de lutter contre les sites de revente illégaux de billets. Puisqu’une partie du public est prête à payer très cher pour assister aux shows de leurs idoles et à se tourner vers le marché noir, autant proposer dès le départ, et de manière officielle, des places d’autant plus chères qu’elles seront très demandées.

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