C’est la ville de « Henk et Ingrid ». Les prénoms de deux personnages fictifs inventés par le dirigeant d’extrême droite Geert Wilders pour incarner un couple de Néerlandais moyens, ceux qu’il avait promis de défendre face au « système », à « l’élite », aux « clercs de la gauche » et, bien sûr, face aux étrangers. A Spijkenisse, une ville de 73 000 habitants dans la banlieue de Rotterdam, entité principale de la commune fusionnée de Nissewaard, son Parti pour la liberté (PVV) a atteint un record lors des législatives de 2023 : 38 % des voix. Devenue la première formation des Pays-Bas avec 37 sièges sur les 150 de la Seconde Chambre, le PVV a ensuite accédé au pouvoir. Une expérience chaotique : la coalition du premier ministre Dick Schoof est tombée en juin, au bout de 336 jours seulement, après que M. Wilders a provoqué une crise, mécontent que ses trois partenaires refusent d’approuver son programme, qui comportait, entre autres, l’instauration d’un état d’urgence afin de stopper l’immigration, le renvoi de 60 000 réfugiés syriens et l’arrêt complet du regroupement familial.
Dans cette cité de Spijkenisse, qui fut longtemps l’une des plus pauvres des Pays-Bas mais tente désormais d’attirer une classe moyenne délaissant le centre-ville de Rotterdam, des retraités croisés au centre commercial ne s’appellent pas Henk et Ingrid, mais Nico et Caroline. Ils déambulent entre un salon de manucure, des commerces de hard discount et un fast-food de kebab. « Wilders voulait défendre les petites gens, mais il n’a rien fait, rien obtenu avant de faire tomber le gouvernement ! », s’emporte Nico. A-t-il voté pour le PVV ? Cet ancien ouvrier du port de Rotterdam ne le dira pas, mais il affirme qu’« à coup sûr » Geert Wilders n’aura pas sa voix le 29 octobre, date des nouvelles législatives. Caroline, elle, n’ira plus voter. « Tout ce cirque pour rien… », soupire-t-elle.
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