La suspension, pour quatre-vingt-dix jours, de l’aide au développement américaine, décidée par l’administration Trump fin janvier, et la panique qu’elle a suscitée dans le monde devraient ouvrir les yeux de la France sur les conséquences de ses coupes budgétaires massives. L’aide française a été amputée de 2,1 milliards d’euros dans le projet de loi de finances 2025 présenté lundi 3 février à l’Assemblée nationale, soit une baisse de 37 %, qui s’ajoute à la coupe de près de 800 millions d’euros décidée en février 2024, et ne sera pas entièrement compensée par la hausse des taxes sur les billets d’avion ou les transactions financières.

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L’aide française ne représente qu’une fraction de celle des Etats-Unis, la première au monde, avec un budget de 64,7 milliards de dollars (63 milliards d’euros) en 2023, et surtout sa diminution ne va pas suspendre du jour au lendemain des centaines de programmes de santé ou d’aide alimentaire. Mais cette baisse intervient à un moment où la pauvreté dans le monde a cessé de reculer pour la première fois depuis trois décennies, et où les pays à bas revenu sont en train de décrocher, étouffés par le poids de leur dette.

Désormais, l’Agence française de développement (AFD) ne pourra plus grand-chose pour eux. Elle devra en effet réduire ses dons et ses prêts subventionnés, qui bénéficient aux nations les plus pauvres, dont la plupart sont situées en Afrique. Certains secteurs doivent se préparer au pire. C’est le cas de l’aide humanitaire, qui devra fonctionner avec 500 millions d’euros par an au lieu de 900 millions d’euros, alors que les crises se multiplient, de Gaza à Goma (République démocratique du Congo) en passant par le Soudan. Celui de la santé également, qui dépend beaucoup des dons.

Une arme politique

L’adaptation au réchauffement climatique, dont les pays du Sud sont les premières victimes, risque aussi d’être sacrifiée. La construction d’un abri anticyclone ou d’une digue pour se protéger de la hausse du niveau de la mer n’est pas rentable et ne peut être financée que par des dons. L’AFD va en revanche continuer à lever des fonds sur les marchés financiers à des taux intéressants, grâce à la note de son actionnaire, la France, et en faire profiter d’autres pays en leur distribuant des prêts à bon marché. Ces prêts vont affluer pour aider le secteur privé, la construction d’infrastructures ou la lutte contre le changement climatique.

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