Quel parent n’a jamais entendu parler de ce nouveau business du coaching parental ? Les multiples déclinaisons promettent de régler tous les problèmes de la vie familiale et sont si nombreuses qu’elles donnent le vertige, du coach sommeil au coach Parcoursup. Et pourquoi avons-nous désormais besoin de payer des gens pour nous aider à franchir des étapes de la vie (le sommeil du nouveau-né comme l’orientation universitaire) que les précédentes générations de parents traversaient très bien toutes seules ?
Louise Tourret, productrice de l’émission « Etre et savoir » sur France Culture, interroge ce paradoxe dans son nouvel ouvrage, Le Meilleur pour nos enfants ? (Editions de l’Atelier, 180 pages, 19 euros). La journaliste, spécialiste des questions d’éducation depuis de nombreuses années, propose ici une traversée de l’enfance, des premiers mois de la vie jusqu’à l’enseignement supérieur, où elle démontre à chaque étape la marchandisation de l’accueil puis de l’éducation des enfants : dans les crèches privées, les bébés sont considérés comme les clients passifs d’un système destiné à générer toujours plus de bénéfices.
Plus tard, les familles qui en ont les moyens sont de plus en plus nombreuses à faire le choix d’écoles privées ou d’activités extrascolaires parfois très chères, en ayant le sentiment que choisir l’option payante revient à sélectionner le meilleur pour son enfant. Et à chacune de ces étapes, on peut donc, moyennant finance, s’offrir les services d’un coach.
Méthodes contradictoires
Ce marché, argue la journaliste, prospère sur les angoisses parentales, cette « incompétence acquise » de jeunes parents bombardés de conseils, selon l’expression du sociologue Michel Vandenbroeck cité dans l’ouvrage, auxquels on vend des méthodes contradictoires qui finissent par les désorienter. Il s’ancre également dans ce que Louise Tourret qualifie « d’épidémie de solitude », la charge de l’éducation s’étant recentrée, à la faveur de la victoire de l’individualisme, sur la seule famille nucléaire – laissant les parents désemparés face à un petit être qui, comme c’est joliment dit, n’est ni un « projet » ni un « travail » dans lequel il faudrait performer, mais une personne avec lequel il s’agit de tisser une relation.
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