Deux jours après sa réélection contestée, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a longuement fustigé la « conspiration terroriste » dont il se dit victime et qu’il entend déjouer. Mardi 30 juillet, le chef de l’Etat a traité de « fasciste » le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez, 74 ans, qui affirme avoir remporté le scrutin présidentiel, et de « criminels » ceux qui, dans la rue, crient à la fraude.
M. Maduro tient M. Gonzalez « pour responsable de tout ce qui arrive dans le pays, la violence criminelle, les morts, les blessés, les destructions ». En quarante-huit heures, au moins douze personnes ont été tuées, victimes pour certaines de membres des colectivos, ces groupes de civils souvent armés qui se posent en défenseurs de la révolution bolivarienne.
« Pas de dialogue avec les fascistes »
Le président s’adresse à ses ministres et à ses généraux qui, des deux côtés de la table, l’écoutent immobiles. « Nous allons capturer tous les délinquants du pays, tous », promet-il. Du balcon présidentiel, le chef de l’Etat a ensuite appelé les centaines de partisans présents à renforcer encore « l’alliance civico-militaro-policière » en défense du régime. Nicolas Maduro a parlé tout l’après-midi, sans jamais évoquer l’élection litigieuse de dimanche, dont la victoire est attribuée au président sortant par le Conseil national électoral (CNE).
« Pas de pardon pour les fascistes, pas de dialogue avec les fascistes, mais des peines de prison », avait déclaré dans la matinée le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodriguez, en demandant au ministère public de mettre en prison M. Gonzalez et sa coéquipière politique, Maria Corina Machado.
Les organisations de défense des droits humains s’inquiètent de la criminalisation des manifestations et de leur violente répression. L’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux a répertorié plus de 300 rassemblements pacifiques depuis que le CNE a annoncé que M. Maduro avait été réélu pour un troisième mandat avec 51,2 % des voix.
Le procureur général, Tarek William Saab, a fait savoir qu’un militaire avait été tué par balle. Vingt-trois autres auraient été blessés. Au total, « 749 délinquants » ont été arrêtés depuis le début des manifestations, a précisé M. Saab. Les détenus pourraient être inculpés de « terrorisme ». L’opposition a dénoncé la détention, mardi matin, de Freddy Superlano, ex-député du parti Voluntad popular.
« Et après, on fera quoi ? »
Soutenus par une partie de la communauté internationale, les manifestants exigent que le CNE publie les chiffres détaillés du dépouillement, convaincus qu’ils permettront de révéler la fraude. « Et après, on fera quoi ? », interrogeait mardi matin Jaime Ramirez, un ingénieur de 46 ans, qui se dit sceptique.
Il vous reste 54.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.