Lors de manifestations contre le pouvoir de Gnassingbé, à Lomé, des « dizaines » de blessés ont été recensés (ici, le 26 juin 2025).

Lors des manifestations contre le pouvoir à Lomé, fin juin, au moins sept personnes ont été tuées et des « dizaines » d’autres blessés ont affirmé dimanche 29 juin des organisations de la société civile, dénonçant des « exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens ».

De jeudi à samedi, réunis parfois par dizaines dans certains quartiers, les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes. Des pneus et des barricades de bois ont été brûlés dans certaines rues de la capitale où de nombreux commerces étaient restés fermés.

Dimanche soir, le gouvernement togolais a réagi et dénoncé « des tentatives de récupérations malheureuses » suite à « la découverte et le repêchage de corps » dans des cours d’eau de la capitale jeudi et samedi. « Les résultats des analyses médico-légales (…) ont révélé que ces décès sont survenus par suite de noyade », a démenti le gouvernement dans un communiqué, sans se prononcer sur le nombre de corps repêchés.

« Le droit de nous exprimer »

Autre réaction, celle du ministre de l’administration territoriale togolaise, Hodabalo Awaté, à la télévision d’Etat dimanche soir : « Je voudrais féliciter le bon comportement de nos concitoyens et également le professionnalisme de nos forces de sécurité et surtout les rassurer que le gouvernement prendra toutes les dispositions pour protéger le citoyen togolais. »

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Les manifestations sont rares au Togo ces dernières années, mais il s’agissait du deuxième appel lancé sur les réseaux sociaux à descendre dans la rue ce mois-ci. « Nous sommes dans un pays où des citoyens ont quand même le droit de sortir, de s’exprimer et ils n’ont pas à faire face à cette brutalité mise en place par l’Etat, c’est inacceptable », a déclaré le porte-parole du Front citoyen Togo debout, David Dosseh. Il ajoute : « Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des fils de ce pays et en tant que fils et citoyens de ce pays, la Constitution nous donne le droit de nous exprimer et de manifester pacifiquement. »

« Mauvais traitements »

Les manifestants protestaient contre des arrestations de voix critiques, la hausse du prix de l’électricité ou encore la réforme constitutionnelle qui permet à Faure Gnassingbé, 59 ans, de consolider son pouvoir, en place depuis 2005.

Début juin, les premières manifestations avaient en partie été lancées par le rappeur Aamron, critique du pouvoir, qui avait été arrêté fin mai avant de réapparaître dans une vidéo le 5 juin, depuis un hôpital psychiatrique où il présentait des excuses envers Gnassingbé. Il a depuis été libéré le 21 juin.

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Dès le 5 et 6 juin, une cinquantaine d’arrestations avaient été signalées par les autorités. Certains manifestants, majoritairement jeunes, avaient déclaré à Amnesty International « avoir été soumis à la torture ou à d’autres mauvais traitements ». Le gouvernement avait répondu ne pas avoir eu connaissance de tels cas.

Mi-juin, les autorités togolaises ont suspendu pour trois mois la chaîne de télévision France 24 et RFI, accusées d’avoir relayé des « propos inexacts et tendancieux » après des manifestations du début du mois.

Le Monde avec AFP

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